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1 - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc

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L'HABITATIaN CHEZ LES TRANSHUMANTS DU MAROC CENTRAL 235<br />

Le centre <strong>du</strong> douar et ses accès<br />

Le centre <strong>du</strong> douar porte en arabe le nom de mraf:t. Le berbère ignore<br />

le mot, mais utilise les suivants: ammâs n (gemmi, B.-Mtir, Iguerrouan,<br />

litt. : « le milieu <strong>du</strong> douar», -<br />

atemmâs, et aremmâs usûn, Izayan, même<br />

sens, - ammâs n umazir, Aït-Karkaït, - tit en tgemmi, Iguerrouan, litt. :<br />

«l'œil <strong>du</strong> douar». L'expression, chez les A.-Sadden, se rapporte à la cour<br />

intérieure de la maison où l'on parque les animaux, -<br />

taddart usûn, Zemmour,<br />

A.-Seghrouchen, Aït-Waraïn. L'expression mérite une explication.<br />

En effet, taddart est le nom habituel de la «maison» ou de la «chambre<br />

» et même eelui <strong>du</strong> « village» en Kabylie. Ce n'est pas la première fois<br />

qu'on signale le rapport existant entre la terminologie appliquée à l'habitation<br />

<strong>du</strong> sédentaire et <strong>du</strong> transhumant. On rappellera amazi,. « bivac » et<br />

« gourbi» ; tigemmi « douar» et « maison. »<br />

Par ailleurs, on a vu que certains bilingues tra<strong>du</strong>isent amazir et taggurt<br />

par dar -<br />

qui est le nom arabe de la « maison» -, auquel il convient de<br />

rapporter taddart de préférence à la racine berbère edder «vivre», ainsi<br />

qu'on l'a proposée.<br />

En faveur de l'hypothèse, on notera que nombre de nomades de langue<br />

arabe connaissent dar dans le sens de « bivac ». Dans la région de Tlemcen,<br />

ecjcjâr elidida désigne le « nouveau bivac ».<br />

Les Larbâ <strong>du</strong> département<br />

d'Alger appellent eddar le « centre <strong>du</strong> douar ».<br />

L'arabe classique se servait indifféremment de dâru n et de baitu n pour<br />

désigner la « maison». Mais, dès une époque fort ancienne, le syriaque,<br />

l'araméen en général, l'hébreu n'offraient dans le même sens que baita (1).<br />

Au Maghreb, dar semble prévaloir pour exprimer la notion de «maison l), et<br />

bait, celle de « tente)) et de « chambre». Mais l'Arabe de la période antéislamique<br />

employait déjà da,. avec le sens de « bivac». L'importation <strong>du</strong><br />

mot en Afrique serait le fait des tribus bédouines. Les Zénètes l'auraient<br />

adopté et transmis à leur tour aux populations transhumantes. Il est remarquable,<br />

en effet, que le mot persiste dans la zone arabo-zénète de l'Algérie,<br />

et dans les tribus zénètes (A.-Waraïn, A.-Seghrouchen) <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> Central.<br />

Les troupeaux ont accès au centre <strong>du</strong> douar par des passages qu'on<br />

ménage entre les tentes et qu'on peut facilement boucher la nuit au moyen<br />

(1) Cf. Michel Feghali, Notes sur la maison libanaise, in Mélanges R. Basset,<br />

.

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