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L'Etat en jeu - fasopo

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aux campagnes de financem<strong>en</strong>t lancées par des revues d’extrême gauche. Cep<strong>en</strong>dant, le<br />

Comité perd peu à peu le souti<strong>en</strong> de la population du quartier p<strong>en</strong>dant l’année 1978, au fil des<br />

opérations de destruction partielles qui se déroul<strong>en</strong>t régulièrem<strong>en</strong>t depuis septembre 1977. En<br />

outre, le Comité est traversé <strong>en</strong> interne par des concurr<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre ses membres issus des<br />

différ<strong>en</strong>ts groupes d’extrême gauche du quartier. En mars 1978, l’assassinat de cinq habitants<br />

lui fait perdre le souti<strong>en</strong> de la population 1048 et provoque sa dissolution. P<strong>en</strong>dant quelques<br />

mois, aucune structure de contrôle n’existe à l’échelle du quartier. En janvier 1979, il est<br />

divisé <strong>en</strong> cinq zones (A, B, C, D, E), dont chacune (à l’exception de la zone C) est contrôlée<br />

par un des groupes du quartier (le secteur A est contrôlé par Halkın Kurtuluşu, le secteur B<br />

par Halkın Yolu, le secteur D par le groupe Partizan, le secteur E par Halkın Birliği) 1049 .<br />

La division du quartier <strong>en</strong> zones contrôlées par des groupes distincts, ainsi que les<br />

opérations de destruction mett<strong>en</strong>t un terme à la dynamique de construction d’infrastructures<br />

lancée par le Comité populaire. Le quartier ne compte toujours pas d’école ni d’hôpital. Il ne<br />

dispose pas de l’eau courante. L’électricité est obt<strong>en</strong>ue par des raccordem<strong>en</strong>ts illégaux aux<br />

infrastructures municipales. Il est <strong>en</strong>clavé et ne bénéficie pas des services de transports <strong>en</strong><br />

communs gérés par la municipalité. Dans l’impossibilité de traiter directem<strong>en</strong>t avec les<br />

pouvoirs publics, les groupes d’extrême gauche mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place un Comité des anci<strong>en</strong>s<br />

(Yaşlılar Komitesi) composé de cinq membres élus par la population des cinq zones du<br />

quartier. Ce Comité, nous le verrons, va dev<strong>en</strong>ir le principal interlocuteur des pouvoirs<br />

publics et profiter notamm<strong>en</strong>t de l’obt<strong>en</strong>tion des infrastructures demandées aux pouvoirs<br />

publics pour pér<strong>en</strong>niser ses positions de domination dans le quartier.<br />

Ce contrôle territorial exercé par des coalitions d’acteurs extérieurs aux structures<br />

c<strong>en</strong>trales ou déconc<strong>en</strong>trées de l’Etat est remarquable dans d’autres quartiers stambouliotes 1050 ,<br />

mais aussi à Ankara 1051 et dans de nombreuses autres villes moy<strong>en</strong>nes du pays. Hamit<br />

Bozarslan décrit une situation comparable dans la ville de Kars, où les idéalistes ne<br />

parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à contrôler que deux quartiers (alors que les autres sont sous la coupe de la<br />

1048 Ibid., p. 147.<br />

1049 Ibid., p. 155.<br />

1050 A la question, « A Istanbul, quels quartiers étai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>us par les groupes de gauche, lesquels par les groupes<br />

de droite ? », Şadi répond : « Beşiktaş la gauche, Şişli la droite… Beyazit la droite, Zeytinburnu la gauche,<br />

Kağıthane la gauche… » ; et Metin affirme que, « les quartiers de Gaziosmanpaşa, de Alibeyköy <strong>en</strong> Europe,<br />

Umraniye et Kartal <strong>en</strong> Asie étai<strong>en</strong>t des quartiers d’ouvriers, là où il y avait des usines, là bas la gauche y était<br />

forte, des coins de migrants (göçm<strong>en</strong>), où la majorité de la population est alévie. Aksaray et Üsküdar étai<strong>en</strong>t à<br />

droite, assez dangereux pour les socialistes. A Ankara, Tuzluçahir, un quartier de migrants, d’alévis, était t<strong>en</strong>u<br />

par la gauche, vers Ulus, c’était fasciste, Bahçelievler aussi. Au sud, kavaklidere, Çankaya, Gazi, sont des<br />

quartiers plus luxueux, c’était différ<strong>en</strong>t, là les g<strong>en</strong>s votai<strong>en</strong>t libéral ou CHP ». Entreti<strong>en</strong>s semi-directif, réalisé<br />

avec Şadi le 15 mars 2006 à Istanbul et avec Metin (TİP), le 11 mai 2006 à Ankara.<br />

1051 Selon Yusuf, « les quartiers de fascistes [sont] Hasköy, Keçiör<strong>en</strong>, Demetevler, Bahçelievler, Balgat, une<br />

partie de Kayaş, Mamak ». Entreti<strong>en</strong> semi-directif réalisé avec Yusuf (VP) le 3 mai 2006 à Ankara.<br />

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