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L'Etat en jeu - fasopo

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des missions qui lui sont assignées, fonctionnant comme un facteur facilitant sa pénétration<br />

par les groupes mobilisés <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s. La section permet <strong>en</strong> outre de compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t les<br />

institutions étatiques, incapables de s’assurer de la loyauté de leurs membres et de faire<br />

respecter leurs directives, devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des arènes de mobilisation plutôt que les interlocuteurs<br />

des groupes mobilisés.<br />

I. La faible autonomisation du secteur étatique<br />

A. Les pratiques de captation des ressources étatiques<br />

Des pratiques de captation sont repérables depuis l’Empire, dont les protagonistes, les<br />

modalités et les formes chang<strong>en</strong>t selon les périodes et les modes de gouvernem<strong>en</strong>t.<br />

1. La pénétration du système étatique provincial Ottoman<br />

Selon Michael Meeker, à partir de la seconde moitié du XVIII ème siècle, les<br />

représ<strong>en</strong>tants de l’Etat doiv<strong>en</strong>t composer avec des élites locales et négocier avec elles la<br />

reconnaissance de leur hégémonie. Il s’agit généralem<strong>en</strong>t de propriétaires terri<strong>en</strong>s (ağa), qui<br />

dirig<strong>en</strong>t leurs propres domaines et réussiss<strong>en</strong>t à se doter des ressources nécessaires pour se<br />

protéger de l’interfér<strong>en</strong>ce du gouvernem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral et t<strong>en</strong>ir tête, par exemple, au gouverneur<br />

provincial. Les gouverneurs <strong>en</strong>voyés par l’Etat c<strong>en</strong>tral 195 doiv<strong>en</strong>t composer avec ces individus<br />

et leurs clans familiaux ou les affronter afin de s’assurer du mainti<strong>en</strong> de l’ordre et de la<br />

collecte de l’impôt. Ainsi, lorsque les aghas réussissai<strong>en</strong>t à t<strong>en</strong>ir tête aux gouverneurs et aux<br />

représ<strong>en</strong>tants de l’Etat, ils dev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t capables d’exercer une souveraineté quasi totale sur un<br />

territoire (une vallée ou un district par exemple), ils y levai<strong>en</strong>t et collectai<strong>en</strong>t les taxes, y<br />

rassemblai<strong>en</strong>t des soldats et y arrêtai<strong>en</strong>t ceux qui contrev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à la loi 196 . Au début du<br />

195 Meeker montre que « les officiels militaires, du trésor et judiciaires étai<strong>en</strong>t membres d’une classe spéciale<br />

sans li<strong>en</strong> avec les territoires et les g<strong>en</strong>s qu’ils gouvernai<strong>en</strong>t », Meeker, Michael E., A Nation of Empire, The<br />

Ottoman Legacy of Turkish Modernity, Berkeley and Los Angeles, University of California Press, 2002, p. 114.<br />

196 Jean-François Bayart note qu’il « ressort que l’Empire était beaucoup moins intrusif que le donne à croire le<br />

mythe du « despotisme ori<strong>en</strong>tal ». Il savait ainsi composer avec les réalités locales et reproduisait le pragmatisme<br />

de Byzance <strong>en</strong> matière de laisser-faire, tant dans le domaine marchand que monétaire. Son interv<strong>en</strong>tionnisme<br />

était « sélectif » et visait surtout à assurer l’approvisionnem<strong>en</strong>t d’Istanbul », Bayart, Jean-François, L’islam<br />

républicain. Ankara, Téhéran, Dakar, op. cit., p. 40.<br />

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