L'Etat en jeu - fasopo

Ces données, combinées aux résultats que nous avons obtenus dans les chapitres
précédents de la thèse, permettent donc de comprendre que ce sont d’abord les étudiants,
déracinés, séparés de leur famille et donc disponibles pour l’action qui sont les premiers et les
plus nombreux à passer à des activités faisant intervenir la violence physique. On remarque
également que plus généralement, ce sont les populations issues de l’exode rural qui
participent aux activités armées des groupes d’extrême gauche et idéalistes. Ces résultats
ayant été obtenus dans une prison ankariote, il faut cependant prendre garde à ne pas les
généraliser à outrance. En effet, s’ils semblent convenir aux situations repérables dans les
centres urbains où les institutions publiques sont nombreuses, ils seront en partie infirmés
lorsque nous étudierons d’autres contextes, plus ruraux, faisant intervenir une forme d’activité
de violence physique spécifique, animée par des milices rurales composées d’individus
recrutés au village.
2. Les victimes
a. Problèmes rencontrés dans le traitement des sources relatives aux catégories
socioprofessionnelles des victimes
La compilation et le classement des données proposées par nos sources a permis de
repérer certaines erreurs, émanant notamment de l’Encyclopédie des martyrs idéalistes.
Parfois, les coordinateurs de l’encyclopédie considèrent comme idéalistes des individus
n’ayant jamais participé au Mouvement nationaliste. Ces individus étant effectivement des
victimes directes ou collatérales des affrontements entre extrêmes, ces biais n’ont pas posé de
problème pour le décompte global des victimes des « événements » (olaylar). Il en va
différemment pour ce qui est de la constitution d’indicateurs visant à évaluer la variation
chronologique (selon les majorités gouvernementales par exemple) ou spatiale de la
proportion des victimes de chaque camp. Au vu des données disponibles aujourd’hui, il
apparaît impossible de construire de tels indicateurs. En effet, si l’on connaît le nombre de
morts revendiquées par le Mouvement nationaliste (1 258 entre le premier janvier 1977 et le
460