L'Etat en jeu - fasopo

similaire prévaut à Giresun (5,18 morts pour 100 000 habitants, 30 ème rang). Il participe aux
élections locales de cinq des plus petites villes de la province et si dans quatre cas il doit faire
face à une majorité CHP, cette implantation interdit de penser que son action détermine le
niveau de violence de la province. A Trabzon (21,93 morts pour 100 000 habitants, 5 ème rang),
Rize (7,43 morts pour 100 000 habitants, 25 ème rang) et Artvin (9,21 mots pour 100 000
habitants, 18 ème rang), sa présence semble trop marginale pour expliquer le niveau
relativement élevé de violence relevé par nos sources.
Dans ces provinces côtières de la Mer Noire, le nombre relativement élevé de victimes
résulte d’interactions armées faisant certes parfois intervenir des militants idéalistes, mais le
plus souvent, il s’agit de morts causées par les affrontements entre les membres des groupes
d’extrême gauche et les forces de l’ordre. Cette zone montagneuse représente un véritable
sanctuaire pour les groupes armés d’extrême gauche et rassemble les conditions nécessaires
pour mener des opérations de guérillas à partir du moment où l’état de siège est proclamé fin
1978. Nous avons vu dans le troisième chapitre de la thèse que des GOE viennent y organiser
des sessions de formation aux activités de commandos et Dev-Yol y est particulièrement bien
implanté. C’est entre Samsun et Artvin que les Unités de résistance armées (Silahlı Direniş
Birlikleri, SDB) de Dev-Yol, chargées d’animer la guérilla rurale, furent les plus actives 1319 .
A partir des premiers mois de 1980, un nombre de plus en plus importants d’individus
rejoignent les groupes armés des GOE de gauche dans ces provinces côtières et commencent
des formations à la guérilla qu’il s’agira de mener quand l’armée aura pris le pouvoir,
intervention qui ne fait alors plus de doute. Le commandement de l’état de siège concentre ses
efforts notamment dans ces zones côtières montagneuses et de nombreux affrontements ont
lieu avec l’extrême gauche.
Le nombre de victimes que comptabilisent nos sources dans ces provinces ne
correspond donc pas au résultat des affrontements gauche/droite, comme cela peut être le cas
ailleurs. Cela explique pourquoi on ne peut établir de corrélation entre les positions locales du
MHP et le niveau de violence repérable dans ces provinces.
1319 Entretien semi-directif réalisé avec Mahmut (Dev-Yol) le 10 mai 2006 à Ankara. Mahmut a exercé des
fonctions de direction dans l’organisation des activités armées de Dev-Yol, notamment après le coup d’Etat du
12 septembre.
454