L'Etat en jeu - fasopo

publications dans l’usine, le directeur demande aux associations idéalistes locales
d’intervenir. Une équipe de frappe de quatre personnes est constituée. Elle attaque un groupe
d’ouvriers de l’usine, connus pour leur opposition aux syndicats idéalistes, puis prend la fuite
après avoir tué l’un d’entre eux. Selon Tanlak, les membres de l’équipe de frappe partent
ensuite pour Ankara, où ils sont payés par le secrétaire de la MİSK. Puis, apprenant qu’ils
sont recherchés par la police, ils se réfugient dans un appartement de célibataires mis à
disposition par le Mouvement et prennent contact avec Ali Kaçar, un comptable du MHP, qui
leur fournit l’argent nécessaire à la vie en clandestinité 1373 .
Ces activités de violence organisée permettent donc aux organisations locales des
systèmes d’action de faire évoluer un rapport de force, de débloquer une situation par
l’intimidation ou l’élimination d’individus entravant les activités idéalistes locales. Si nous
disposons de davantage d’informations sur l’organisation des activités mises en œuvre par les
organisations du Mouvement nationaliste que sur celles des organisations d’extrême gauche,
il apparaît que des organisations des deux camps opposés ont mis en place des unités
composées de quelques individus, basées dans un quartier ou exerçant sur un territoire plus
large, dont le but a été, par la réalisation d’opérations ciblées, de faire évoluer des rapports de
force locaux. Cependant, cette pratique semble s’être généralisée chez les idéalistes, alors
qu’elle est restée limitée à l’extrême gauche.
3. La violence milicienne
Le dernier type d’activités faisant intervenir la violence physique se caractérise par sa
dimension milicienne. Cette violence milicienne se singularise des autres types d’activités de
violence parce qu’elle n’apparaît que dans certains contextes précis, et qu’elle est le fait de
milices organisées sur un territoire entretenant avec la population et les représentants de l’Etat
des relations spécifiques. En outre, les activités de violence physique que les milices peuvent
déployer pour garder la main sur un quartier ou homogénéiser ethniquement,
confessionnellement ou politiquement sa population ne représentent qu’une partie de leurs
activités. La milice peut ainsi être considérée comme une « entreprise de violence »
territorialisée, « capable de décisions et de stratégies, agissant en vue de convertir de la force
(ou de la violence) organisée en argent ou autres ressources du marché, et cela de façon
1373 Ibid., p. 14.
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