L'Etat en jeu - fasopo

mouvement de panique après que des tirs ont retentis au milieu de la foule de près de 500 000
personnes réunies pour l’occasion. Ces « incidents » du premier mai 1977 ne sont donc pas
directement liés aux affrontements entre extrême gauche et idéalistes. Leurs victimes sont
néanmoins recensées dans toutes nos sources comme étant directement reliées au contexte
politique de l’époque.
1978
Le nombre mensuel de victimes en 1978 augmente de façon relativement régulière. Il
atteint 92 en septembre, puis augmente brusquement en décembre (196 morts). Cette
augmentation du nombre de morts par mois traduit une radicalisation des répertoires d’action
des GOE d’extrême gauche et des associations idéalistes, dont une des manifestations réside
dans la constitution de groupes armés clandestins et la participation à des « massacres » de
masse. En effet, nous y reviendrons, des sections de GOE s’autonomisent et entrent en
clandestinité en même temps que certains de leurs membres mènent des attaques armées
ciblées contre des représentants du bord adverse. Le 17 avril 1978, Hamit Fendoğlu, le maire
de Malatya proche des sections locales des partis de la coalition de Front nationaliste, meurt
avec ses deux petits-enfants et sa belle-fille lors de l’ouverture d’un colis piégé. Le
lendemain, des manifestations sont organisées par l’AP et le MHP, pendant lesquelles la foule
défile aux cris de « Ecevit assassin, Ecevit démission » (Katil Ecevit, Ecevit istifa), « les
communistes à Moscou » (Komünistler Moskova’ya), « Pol-Der communiste » (Komünist
Pol-Der). Des extraits du Coran appelant à l’intransigeance avec l’ennemi sont diffusés via
les haut-parleurs de la mairie. Des affrontements et des attaques surviennent, qui feront 15
blessés et 3 morts, dont les corps sont retrouvés dans les jours qui suivent 1279 . Des
organisations clandestines idéalistes voient le jour et de véritables milices obtiennent le
contrôle armé de certaines parties du territoire. C’est pendant l’année 1978 que sont créées les
plus célèbres des organisations clandestines idéalistes, la Brigade de la vengeance turque
(Türk İntikam Tugayı, TİT), l’Armée de libération des Turcs asservis (Esir Türkleri Kurtarma
Ordusu, ETKO) et l’Armée de la foudre turque (Türk Yıldırm Ordusu, TYT). La forte
les véhicules d’intervention ou étouffées dans des mouvements de foule. Birand Mehmet Ali, Bila Hikmet, Akar
Rıdvan , 12 Eylül Türkiye’nin miladi (12 septembre, la nouvelle ère de la Turquie),, op. cit., pp. 49-52.
1279 « « Hamido », 2 torunu ve gelini posta ile gelen paketin patlaması sonucu öldüler » (« Hamido », ses deux
petits-fils et sa belle-fille meurent lors de l’explosion d’un paquet arrivé par la poste), Milliyet, 18 avril 1978, pp.
1, 12 ; « Malatya’da en az 700 işyeri tahrip edildi, CHP il Merkezi de yakıldı » (Au moins 700 lieux de travail
détruits à Malatya, le siège de la section de province du CHP incendié), Milliyet, 19 avril 1978, pp. 1, 8.
431