L'Etat en jeu - fasopo

Les activités de violence mises en œuvre par les organisations des deux systèmes
d’action se départissent peu des résultats des rapports de forces politiques repérables dans les
différentes arènes de l’action publique. Ainsi, ce sont les activités de captation, par la
nomination dans la fonction publique et la politisation de son personnel, ou par la substitution
aux institutions étatiques qui permettent localement l’activation de modes d’actions faisant
intervenir la violence physique. Ces activités de captation produisent une désobjectivation de
l’ordre étatique, qui contraint et habilite les acteurs à modifier les formes de l’action politique
en faisant de la violence une modalité d’interaction et d’accumulation de ressources.
L’analyse donne à voir une forte corrélation entre les positions occupées par le MHP
dans les arènes centrales et locales et l’intensité, les types et les moments des activités de
violence physique. Le niveau de violence n’est ainsi jamais aussi élevé que lorsque les
idéalistes sont privés de l’accès aux ressources municipales et locales mais peuvent bénéficier
des liens collusifs qu’ils entretiennent avec les personnels idéalistes de la fonction publique.
C’est alors la possibilité que trouvent les sections du Mouvement nationaliste de combiner la
mobilisation de ressources locales et centrales (par la mobilisation, la pénétration et la
substitution) qui leur permet d’user de modes illégaux et violents d’accumulation.
L’asymétrie de ressources observée entre les deux systèmes d’action intervient une fois de
plus dans les opportunités dont ils bénéficient, puisque c’est la coordination des sous-unités
du Mouvement nationaliste et les positions occupées par le MHP dans les arènes centrales et
municipales qui permettent aux idéalistes d’imposer localement la violence comme ressource
mobilisable dans la compétition politique, syndicale ou économique. Les logiques de la
substitution entrent également en compte. Dans d’autres contextes ce sont les activités de
substitution aux pouvoirs publics, menées par des milices obtenant le contrôle territorial par la
force, qui justifient ou permettent la violence. A Kahramanmaraş, les unités armées du
Mouvement nationaliste, les milices et les membres des sections locales du parti trouvent
ainsi dans la violence un moyen de maintenir un rapport de forces menacé de s’inverser, et
parviennent pendant plusieurs jours à tenir en échec les forces de l’ordre. Ailleurs enfin,
substitution et captations se combinent, comme à Çorum à partir du 3 juillet 1980, quand les
milices idéalistes de la ville, bénéficiant de soutiens dans l’administration provinciale et
centrale, s’en prennent aux populations des quartiers dans lesquels le CHP, alors à la tête de la
municipalité, trouve la plupart de ses soutiens électoraux.
La transformation des modalités d’action politique repérable en Turquie à la fin de la
décennie par l’intensification de la violence comme mode d’interaction et d’accès aux
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