L'Etat en jeu - fasopo

I. Intensification et diffusion de l’usage de la violence physique
comme modalité d’action et d’accumulation de ressources
Entre 1975 et 1980, le niveau de violence physique augmente de façon continue.
L’impression qui domine est celle d’un embrasement généralisé du pays. Cependant,
l’observation des lieux, des moments et des profils sociaux des activistes et des victimes des
affrontements armés permet de dévoiler les logiques qui président à la mise en œuvre
d’activités de violence physique pendant cette période. L’analyse montrera que les formes et
l’intensité de ces activités sont articulées aux positions des groupes des deux systèmes
d’action dans les arènes municipales et nationales, et des soutiens qu’il trouvent dans l’Etat
pour mener leurs activités de captation et d’accumulation.
La première sous-section, consacrée à l’étude de la temporalité de la violence, montre
comment les positions des acteurs dans les arènes nationales (gouvernement, administration
centrale et provinciale) déterminent le rythme de l’intensification de l’usage de la violence par
les membres des deux systèmes d’action. On parvient ainsi à identifier l’influence de l’accès
aux ressources étatiques centrales sur les modalités de l’accumulation des ressources par la
violence. La territorialité de l’échange de coups est étudiée dans un deuxième temps.
L’observation de la distribution géographique de la violence donne alors à voir une
articulation des niveaux de violence locaux aux possibilités d’accès aux ressources
municipales dont disposent les organisations idéalistes. L’analyse des profils sociaux des
activistes et des victimes permet enfin d’identifier les secteurs sociaux les plus concernés par
l’usage de la violence. Elle donne à voir une diversification des profils des victimes de la
violence à mesure que passent les années. D’abord cantonnée aux membres des systèmes
d’action, la violence tend ensuite à toucher des membres de partis politiques extérieurs aux
groupes radicaux, des journalistes ou des enseignants. A la fin de la décennie, elle touche
l’ensemble de la société. Notre hypothèse consiste à montrer que la violence transforme les
jeux politiques en devenant un mode d’action routinier jusqu’au 12 septembre 1980, mais elle
le fait également en légitimant l’intervention militaire et l’instauration du régime militaire qui
en résulte.
424