L'Etat en jeu - fasopo

deux mois dans 13 provinces, dont celle de Kahramanmaraş 1426 . Le bilan officiel des
événements fait état de 111 morts et de plus de 1 000 blessés. 552 boutiques, 289 maisons et
8 véhicules ont brûlé.
b. Analyse des événements au prisme des rapports de forces locaux
Les rapports de forces politiques et syndicaux locaux, les activités de captation des
ressources publiques locales, ainsi que la faible implantation de l’Etat dans la province
permettent de comprendre les dynamiques du massacre de Kahramanmaraş.
La faiblesse des moyens des forces de l’ordre a permis aux milices de prendre le
contrôle de quartiers et d’y acquérir des positions monopolistiques, comme dans le district de
Yörük Selim, contrôlé par des milices de GOE, où d’autres, dans lesquels la population
sunnite est encadrée par des organisations idéalistes. Les milices idéalistes qui se constituent
alors bénéficient de la bienveillance de la municipalité, qui leur accorde la main mise sur les
ressources de certains quartiers en échange d’une participation (souvent physique) à la lutte
contre le CHP et ses alliés locaux. Dans le camp opposé, les organisations d’extrême gauche
encadrent les populations des quartiers soutenant majoritairement le CHP et les protègent des
exactions des unités ou des milices idéalistes.
Cependant, la mainmise des partis de la coalition de Front nationaliste sur les
ressources et les positions des institutions municipales et déconcentrées de l’Etat se trouve
remise en cause par la progression électorale du CHP. Nous l’avons vu, l’accès du CHP au
gouvernement produit une redistribution des postes dans les institutions étatiques
déconcentrées. C’est le cas dans la province de Kahramanmaraş, où le CHP remporte les
élections législatives de 1977. Les organisations syndicales et associatives locales qui
soutiennent ses activités bénéficient alors d’un accès à des ressources que l’on peut qualifier
de centrales 1427 . Dans la police par exemple (une institution dont les nominations ne
dépendent pas des rapports de force municipaux), Pol-Der, le syndicat de gauche, parvient à
obtenir une position dominante face à Pol-Bir, en profitant de nombreuses nominations sur
lesquelles il interfère. La position de force de l’AP dans l’arène municipale permet quant à
elle aux partis de la coalition de Front nationaliste, et notamment au MHP, d’accéder à des
positions et à des ressources municipales (ou accessible par l’intermédiaire de la
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L’état de siège est également en vigueur à Adana, Ankara, Bingöl, Elazığ, Erzincan, Erzurum, Gaziantep,
Istanbul, Kars, Malatya, Sivas et Urfa.
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Puisqu’accessibles par l’occupation de positions gouvernementales.
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