L'Etat en jeu - fasopo

les revues de presse pour le Premier ministre évoquent les morts survenues lors des
affrontements, ils précisent quasi systématiquement la province de la mort mais assez
rarement la ville, le district ou le quartier concerné. Les noms de provinces étant généralement
empruntés à celui de leur capitale (sauf pour Ağrı, le Hatay et İçel), il est généralement
impossible de savoir si le journaliste évoque des affrontements s’étant déroulés dans la
capitale provinciale ou dans un autre endroit de la province.
Les élections locales du 12 décembre 1977 nous ont paru être un site d’observation
privilégié pour évaluer les rapports de force locaux entre les partis politiques et donc entre les
systèmes d’actions locaux. Lors de ces élections, les citoyens élisent leur Assemblée générale
de province (il genel meclisi), leur maire (belediye başkanı) et leur Assemblée municipale
(belediye meclisi). L’observation des résultats de ces trois scrutins dans chacune des
provinces permet alors d’évaluer assez précisément l’implantation et le niveau d’organisation
de chacun des partis politiques et notamment du MHP. Cela nous permet de repérer si les
organisations du Mouvement nationaliste sont ou non intégrées aux circuits d’allocation des
ressources municipales ou de celles dont l’accès est permis par l’occupation de postes
municipaux. En mettant en regard le nombre de victimes des affrontements droite/gauche et
les résultats des élections locales, on obtient donc une série de résultats permettant de repérer
une forte corrélation du niveau de violence par province avec les positions locales du MHP et
donc de l’ensemble des organisations idéalistes locales.
Les résultats obtenus peuvent être résumés comme suit. Dans les provinces où le MHP
ou un de ses alliés nationaux (généralement l’AP et le MSP) contrôle un nombre élevé de
municipalité, le nombre de victimes est relativement peu élevé. La région Est de la côte de la
Mer Noire et les provinces kurdes mises à part, là où il ne présente pas de candidat aux
élections municipales et où ses résultats aux élections des assemblées municipales et de
province sont relativement moins bons qu’au niveau national, le nombre de morts est
également très peu élevé, quels que soient les résultats de ses alliés. Il est en revanche
relativement plus élevé dans les provinces dans lesquelles le MHP participe aux élections
locales sans que ni lui ni ses alliés ne parviennent à les remporter, ce qui correspond dans la
grande majorité des cas à des contextes locaux où le CHP est en position de force – où l’on
peut donc penser que les organisations du système d’action d’extrême gauche profitent d’un
accès privilégié aux ressources municipales.
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