L'Etat en jeu - fasopo

gauche. Elle ne nécessite qu’un niveau minimal d’organisation. La violence organisée
correspond quand à elle aux activités mises en oeuvre par des unités formées pour la
réalisation d’opérations ciblées, dans une ville ou à l’échelle du pays. Elle est davantage le
fait de sections idéalistes que d’organisations d’extrême gauche. La violence milicienne,
observable principalement dans certaines provinces du Centre et de l’Est de l’Anatolie, est
également un type de mobilisation du groupe qui exige un haut niveau d’organisation. Mais
elle est spécifique, puisqu’elle est mise en œuvre par de véritables milices rurales ou urbaines,
dont les activités de violence ne représentent qu’une partie des activités, et qui interfèrent
également sur les marchés de l’emploi, les flux économiques et migratoires et sur l’attribution
des logements sur le territoire contrôlé ou le « quartier libéré ». Ces trois types d’activités de
violence ne s’excluent nullement. Ils coexistent souvent et sont parfois le fait des mêmes
individus.
1. La violence contextuelle
Ce type d’activité de violence est mis en oeuvre quotidiennement par les militants des
groupes idéalistes et d’extrême gauche sur les sites où ils sont amenés à se rencontrer ou à
cohabiter. Cette violence peut ainsi être considérée comme un coup ne nécessitant qu’un très
faible niveau de ressources et d’organisation, joué dans des arènes très localisées, pour des
trophées eux aussi locaux. Elle s’exerce ainsi lors de rencontres fortuites entre groupes de
militants antagonistes, de rixes entre étudiants regroupés en petits nombres à la sortie d’un
lycée ou d’une université, d’attaques de colleurs d’affiche ou d’échanges de coups de feu dans
le but de prendre le contrôle d’un coin de rue ou d’un arrêt de bus. A L’université, les groupes
de militants étant contraints de cohabiter, les altercations sont quotidiennes. Selon Nejat,
étudiant à la Faculté de droit de l’Université d’Istanbul et membre du GOE d’extrême gauche
Kurtuluş :
« A cette époque, on était disposé comme ça dans l’amphi : d’un côté, les trente
gauchistes, de l’autre à peu près cent cinquante personnes, les étudiants non politisés
et les fascistes, et entre les deux groupes, un cordon de police. On était un peu isolés…
Minoritaires. […] Quand on entrait dans la fac, en groupe, on était entourés d’un
cordon de police, isolés des conservateurs, des réactionnaires et des non politisés.
Entre les cours, on ne pouvait pas sortir de l’amphi, et si on le faisait on se faisait
taper » 1333 .
1333 Entretien semi-directif réalisé avec Nejat (Kurtuluş) le 4 mai 2006 à Ankara.
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