L'Etat en jeu - fasopo

deux stations services sont incendiées 1255 . Face à la radicalisation des répertoires d’action des
ouvriers et des GOE qui les soutiennent depuis l’extérieur, les forces de l’ordre organisent une
opération de grande ampleur pour déloger les ouvriers qui occupent les sites de la
coopérative.
Le 10 février, des escadrons de gendarmerie et des renforts policiers sont envoyés à
Tariş depuis les villes de Bornova et Foça. Une intervention est prévue dans la journée, mais
les GOE du quartier de gecekondu de Çimentepe bloquent la route entre Çiğli et Turan près de
l’usine de production de fil de Tariş. Un affrontement survient alors entre les forces de l’ordre
et les groupes défendant les barricades. Grâce à l’intervention de véhicules blindés, les forces
de l’ordre parviennent à prendre le dessus sur les GOE, dont les membres, poursuivis, partent
se réfugier dans le gecekondu. La police et l’armée investissent alors le quartier et procèdent à
500 arrestations. L’intervention dans la coopérative se déroule finalement le 14 février, quand
près de 5 000 gendarmes et policiers brisent les barricades mises en place par les ouvriers à
l’usine de fils de Çiğli, évacuent l’usine, et placent 1 500 personnes en garde-à-vue.
L’opération dure plusieurs heures, pendant lesquelles les membres des GOE locaux, armés et
introduits dans l’usine par les ouvriers mobilisés, affrontent les forces de l’ordre. Dès le début
de l’intervention, 500 à 600 personnes parviennent à quitter l’usine et se réfugient à
Çimentepe. Le lendemain, la police et la gendarmerie tentent d’entrer dans le quartier pour
procéder à une série d’arrestation, mais doivent faire face à la résistance armée des milices
des GOE et des ouvriers qui s’y sont réfugiés. Elles n’y parviendront qu’après de longues
heures d’affrontement. La même chose se produit le lendemain dans le quartier de gecekondu
de Gültepe, lui aussi mitoyen de Tariş, quand la population du quartier se joint aux membres
des GOE 1256 pour protéger les individus recherchés 1257 . Le calme ne reviendra autour de Tariş
qu’à partir du 20 février, date à laquelle l’état de siège est déclaré dans la province d’Izmir.
Ce sont alors les militaires, qui en quadrillant les quartiers devenus « sensibles », parviennent
à maintenir l’ordre près de la coopérative.
Plusieurs éléments permettent de comprendre comment le conflit a pu s’élargir aux
quartiers mitoyens de la coopérative, la façon dont les GOE locaux ont pris part au
mouvement, ainsi que les raisons de l’introduction de modes d’action armés dans l’interaction
1255 « Izmir’de olaylar sürdü, AP binası bombalandı » (Les incidents continuent à Izmir. Une bombe a explosé au
bâtiment de l’AP), Cumhuriyet, 12 février 1980, pp. 1, 11.
1256 La façon dont les milices des GOE d’extrême gauche et des groupes idéalistes obtiennent la participation de
la population des populations aux activités de violence physique sera analysée dans la seconde section du
septième chapitre de la thèse.
1257 « Izmir’de olaylar sürüyor, 3 polis öldü » (Les incidents continuent à Izmir, 3 policiers sont morts),
Cumhuriyet, 17 février 1980, pp. 1, 11.
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