L'Etat en jeu - fasopo

Nous avons montré que les positions et les ressources du MHP et du système d’action
idéaliste sont les variables déterminantes de ce processus d’intensification et de diffusion de
la violence. En ce sens, si on ne peut nier l’existence d’une autonomisation ponctuelle de
certaines sections idéalistes locales, nos résultats interdisent de considérer que les acteurs et
les activités de violence s’autonomisent des rapports de forces repérables dans les différentes
arènes de l’action publique et des positions occupées par le Mouvement nationaliste dans
chacune d’entre elles. Dans ce processus d’intensification de l’usage de la violence physique
comme modalité d’action routinière dans le jeu politique, les institutions publiques semblent
hors-jeu en tant qu’acteurs autonomes, elles sont en revanche déterminantes comme arènes.
Ce sont les rapports de forces qu’elles abritent dans chacune de leurs ramifications qui
déterminent les modalités et le niveau de la violence physique mise en œuvre par les membres
des organisations d’extrême gauche et idéalistes.
Reste donc à analyser les diverses formes de la dépacification du jeu politique, afin de
comprendre, d’une part, par quelles médiations concrètes opèrent la captation, les
mobilisations et la désobjectivation de l’Etat sur les activités de violence physique ; et d’autre
part comment ces activités contribuent à changer les règles des jeux politiques, en faisant de
la mise en oeuvre de la violence physique un mode d’accumulation de ressources.
II. Les activités de violence physique et leurs effets sur les jeux
politiques et étatiques
Il s’agit maintenant de comprendre comment la violence, en devenant un mode
routinier d’accumulation, modifie les positions des acteurs dans les jeux politiques locaux et
nationaux et modifie les règles de la compétition politique. Pour ce faire, la première sous-
section étudie les modalités de réalisation des différents types d’activités de violence mises en
œuvre par les acteurs, ainsi que la façon dont elles contribuent à modifier leurs niveaux de
ressources et leurs positions dans les rapports de forces qui les opposent localement ou
sectoriellement. Dans la seconde sous-section, nous analysons les dynamiques à l’œuvre dans
le déclenchement et le déroulement du « massacre de Kahramanmaraş », ainsi que ses
répercussions sur les rapports de forces locaux et la politique nationale. L’exceptionnalité des
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