L'Etat en jeu - fasopo

un quotidien d’extrême gauche – et donc destiné à accuser plus qu’à restituer la trame des
événements – et que la véracité du récit produit ne peut être vérifiée. Il montre que le système
d’action idéaliste local a pu se servir de son implantation nouvelle dans l’université pour y
développer des activités d’organisation et de déstabilisation.
Encore étudiant à l’école de Gazi, à Ankara, Ali Yurtaslan se rend au siège de
l’Association des travailleurs idéalistes (ÜİD) afin de demander de l’aide pour trouver un
emploi. Il rencontre alors Mustafa Sami Barsan, le secrétaire général de l’association, qui
l’informe qu’il recherche 300 personnes susceptibles d’être recrutées à ODTÜ. Il lui demande
de revenir accompagné de quelques amis du foyer de Niğde où il loge. Selon Yurtaslan,
Mustafa Sami Barsan aurait déclaré au petit groupe d’amis : « nous allons être 300 personnes
au milieu de 10 000 communistes, il y aura donc des tués et des tueurs. Notre but n’est pas de
travailler, mais de faire entendre la voix du mouvement idéaliste ». Sur les 15 individus
rassemblés par Yurtaslan, 3 seront recrutés à ODTÜ. Barsan recommande Yurtaslan au
directeur des archives de l’université, qui l’embauche sans lui poser davantage de questions
sur ses qualifications. Selon le nouveau venu, les idéalistes bénéficient alors du soutien de
membres de l’administration, arrivés avec le nouveau recteur, ou décidés à soutenir son
action :
« A cette époque, le conseil d’administration était nommé par le gouvernement de
Front nationaliste. Donc il nous soutenait. On a trouvé un soutien particulier auprès de
Hasan Tan, de Ünal le directeur général de l’administration de l’université, de Mustafa
Başoğlu, membre du conseil d’administration et président général du syndicat Sağlık-
İş, du directeur de la comptabilité Özcan bey, de Sevim Tapan, le chef du personnel,
du président d’IBM Atilla bey, du directeur des archives Baha bey, du directeur
général du budget Şeref Çağlayan. Ils nous ont dit “bienvenue, nous travaillons tous
dans le même but”. Notre recrutement avait été rendu possible par ces personnes » 1209 .
Ils disposent également de moyens logistiques mis à disposition par l’entourage du recteur :
« La majorité d’entre eux avaient une voiture, nous nous en sommes servie pour faire
entrer des armes à l’école. Parce que leurs véhicules n’étaient pas fouillés. Nous avons
été introduits dans l’école de la même façon. Par exemple, Hasan Tan venait à
l’université avec deux armes, une autorisée, une qui ne l’était pas. Il nous a donné
celle qu’il n’était pas autorisé à porter. Et nous nous en sommes servis. Eşref bey et
Ünal bey faisaient de même. En une semaine, nous étions cent » 1210 .
Une fois recruté, le personnel idéaliste mène un travail d’organisation dans l’université :
1209 Ibid., p. 250.
1210 Ibid.
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