L'Etat en jeu - fasopo

la goutte qui a fait déborder le vase. Parce que la révision annuelle des machines avait
déjà été faite. Le but était de faire sortir les ouvriers de l’usine, de faire entrer les
forces de l’ordre, et de ne pas nous rappeler » 1243 .
Face au refus de coopérer des ouvriers, la direction fait appel aux forces de l’ordre. Le
22 janvier, alors que le mouvement concerne principalement les unités de production d’huile
d’olive et de coton, des centaines de policiers et de gendarmes interviennent pour évacuer les
locaux occupés. Dans l’usine d’huile d’olive, cinq ouvriers et un policier sont blessés. Les
ouvriers de l’usine de production de fil de Çiğli tiennent six heures avant de se faire déloger
par les forces de l’ordre. Trois policiers sont blessés et des centaines d’ouvriers sont placés en
garde-à-vue. En réaction à l’intervention des forces de l’ordre et à l’arrestation des ouvriers
mobilisés, l’ensemble des autres unités de production entre en grève pour demander la
libération des ouvriers en garde-à-vue, ainsi que la protection de l’intégrité physique et des
emplois des ouvriers. Auprès des membres de la DİSK, l’intervention est unanimement
interprétée comme une preuve de la collusion supposée entre le personnel idéaliste recruté et
les pouvoir publics :
« Nous, nous avons montré une réaction légitime afin de ne pas perdre notre emploi et
de ne pas être arrêtés. De cette façon, et comme dans d’autres unités, l’usine de raisin
numéro deux est entrée en résistance […] D’ailleurs, le but [de l’intervention] n’était
pas de mener une recherche dans l’usine. C’était de nous mettre dans la rue et de nous
arrêter ouvertement. Ils voulaient qu’on nous considère comme des terroristes. Le but
de cette politique, de la part de l’AP, c’était de permettre aux fascistes du MHP de
faire à nouveau de Tariş un bastion » 1244 .
Le mouvement de grève dure jusqu’au 30 janvier, date à laquelle la DİSK appelle à
reprendre le travail. Mais face à la détermination du directeur, qui maintient sa décision de
fermer l’usine quelques jours, le mouvement est reconduit. Il gagne de l’ampleur quand le 8
février, la DİSK appelle à la grève 55 000 de ses membres de la province d’Izmir en solidarité
avec Tariş 1245 . Le même jour, les commerçants et les artisans de Gültepe, de Buca et
d’Altındağ baissent leurs rideaux. Les membres de la DİSK organisent des blocages et des
occupations de leurs lieux de travail, tandis que sur les sites de production et de dépôt de la
coopérative, les ouvriers se barricadent pour occuper les lieux jusqu’à l’obtention de garanties
pour leurs emplois et la démission du directeur général. La plupart des sites de Tariş est alors
1243 « 19. Demirel’in politikalarına bir örnek : Tariş », art. cit.
1244 Selon Yılmaz Yıldız, Ibid.
1245 « Tariş işçileri bazı bölümleri işgal etti » (Les ouvriers de Tariş ont occupé certaines divisions), Cumhuriyet,
9 février 1980, pp. 1, 11.
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