La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

108 LA CIVILISATION ÉGPENNE
ou en décoration plastique se poursuivent. On décore moins, mainte-
nant, et le dessin est plus irrégulier et libre ; le décor en ride (ripple) a
cessé d’être utilisé. Dans une phase relativement avancée, un décor
apparaît avec une couleur épaisse, rajoutée, qui rappelle les Crusted de
la phase de Rachmani, en Grèce continentale ; on utilisait des ocres
diverses pour réaliser d’intéressants systèmes décoratifs, comme le mon-
trèrent les recherches très précises de Doro Levi à Phaistos où cette
technique fut étudiée pour la première fois. Pour les ustensiles mono-
chromes, on provoquait pendant la cuisson une oxydation irrégulière, ce
qui donnait des taches sur la surface du vase ; cette technique annonce
le style de Vassiliki du Bronze ancien. Malgré la plus grande variété des
formes - beaucoup de vases sont maintenant de forme fermée - on
continue à aimer les ustensiles en forme de bassines et d’écuelles. Dans
la céramique d’usage courant, la surface demeure sans enduit et sans
polissage, mais elle est souvent grattée au moyen d’un gros chiffon
passé sur le vase avant cuisson, alors qu’il était encore humide. Dans
les grottes de Crète on rencontre toutes ces variétés mais les vases
monochromes abondent - grotte d’Eileithyia dans la région d’Amnisos,
grotte de Trapéza dans les monts du Lassithi, Koumarospilo en Crète
occidentale. Aussi bien à Cnossos qu’à Phaistos on remarque d’autres
techniques qui annoncent les styles de Pyrgos et d’Haghios Onou-
phrios ; ces techniques se sont développées à une époque où avait déjà
commencé la phase dite subnéolithique. La première laissait les vases
s’imprégner de fumée dans l’atmosphère réductrice d’un four fermé ; les
vases devenaient alors gris ou noirs ; souvent, avant de les décorer de
faisceaux de lignes on les polissait légèrement. La deuxième appliquait
un décor peint sur la surface naturelle des vases qui, grâce à une prépa-
ration adéquate de l’argile et à une bonne cuisson, prenait une couleur
relativement claire, dans les tons rougeâtres ou ocre rouge ; on voit
aisément que c’est cette technique qui évolua plus tard pour donner le
style d’Haghios Onouphrios. Malheureusement, nous avons trop peu de
fragments pour apprécier la diversité des formes de ces vases.
La plastique adoptait des techniques semblables, mais il n’y a pas de
figurines d’hommes ou d’animaux qui soient impressionnantes par leur
forme, leur décoration ou leur technique ; seules quelques-unes ont une
stratigraphie sûre. II est incorrect de situer dans cette période - comme
cela fut fait par certains chercheurs - l’importante figurine de Kalo
Chorio dans la région de Hiérapétra, qui appartenait jadis à la collec-
tion Giamalakis et qui se trouve maintenant au Musée d’Héraklion. Elle
représente une femme obèse, assise, jambes croisées ; elle avait un décor
sobre incisé et même un poli brillant. Les tessons de la région sont tous