La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Le Bronze moyen 29 1
Schachermeyr a émis l’idée que les palais de Crète étaient les princi-
paux centres d’échanges des produits, avant que ne se répande toute
forme monétaire. L’intervention du palais, certes, facilitait grandement
ces échanges, en particulier dans le cas de produits dont il n’était pas
facile de fixer la valeur ; il va de soi que les actes bureaucratiques
étaient alors indispensables. En Orient, les maisons sacrées ont souvent
joué ce rôle ; les palais minoens étaient, sur une plus grande échelle,
des demeures de ce type, qui disposaient de prodigieux dépôts d’offran-
des, des prémices et des revenus des propriétés sacrées. Les archives en
hiéroglyphique faisaient état d’échanges de ce type et c’est à eux que les
systèmes d’écriture doivent leur développement. Les échanges privés se
poursuivaient mais exerçaient sans doute un rôle bien moindre dans le
développement du commerce principal. Les intendances qui codifiaient
les prix et les correspondances des produits - véritables chambres de
commerce - étaient, à ce qu’il semble, les palais, dont le contrôle
devait s’exercer sur toute la région. C’est d’eux que devaient dépendre les
transactions commerciales de grande échelle à l’étranger, l’importation
et l’exportation. Cela ne devait évidemment pas empêcher les gens de
s’adonner au petit commerce et de pratiquer les échanges habituels. Le
commerce du cuivre et des métaux précieux ne semble pas encore avoir
pris beaucoup d’importance; les métaux ne constituent pas dès ce
moment le moyen d’échange qui sera la base de la monnaie. Les talents
de cuivre, comme ceux que nous trouvons à l’époque des nouveaux
palais, ne semblent pas encore être en circulation.
Les produits principaux de la Crète, qui remplissaient les jarres des
magasins royaux et privés, étaient à peu près les mêmes qu’au-
jourd’hui : l’huile, le vin, les différentes espèces de blé, les Iégu-
mes secs, les cultures maraîchères, les fruits ; dans certains cas, de gran-
des jarres étaient nécessaires dont la fabrication, la conservation et le
transport posaient bien des problèmes. On est surpris du nombre des
magasins et des pithoi. La grande activité des ateliers - et en particu-
lier ceux de céramique - est due à la nécessité d’affronter la produc-
tion et la circulation de ces produits, mais aussi d’aider efficacement à
la préparation des aliments, des boissons et des autres biens de consom-
mation. La production n’était pas exclusivement destinée à la consom-
mation intérieure, mais devait pourvoir à l’exportation en échange de
matériaux et de matières premières qui manquaient dans l’île. C’est
pour cette raison qu’on fabriquait tellement de produits artistiques de
haute qualité qui, sans aucun doute, devaient être très prisés sur les
marchés étrangers. La disparition quasi totale de produits manufacturés
comme les objets en métal, en bois, les tissus et les broderies, la vanne-