La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

118 LA ClVILISATlON ÉGÉENNE
siles - même si on trouvait des pierres marbrées sur place -, des
matériaux plutôt rares pour les meules - des roches ignées grenues -
et peut-être la pierre ponce. Des coquillages percés, utilisés comme
bijoux, coupés en bracelets ou en lanières courbes, des vertèbres de
poissons percées pour laisser passer les fils, allaient très loin, au-delà
des Balkans, surtout au Néolithique récent. L’ethnographie nous montre
que ce type d’échanges se faisait dans des sortes de rassemblements
rituels, à caractère quelque peu magique. C’est du moins ce qui se passe
aujourd’hui dans les îles de Polynésie et chez les indigènes d’Australie.
Le fait de porter beaucoup de bijoux en coquilles spécifiques donnait
sans doute un certain prestige qui était peut-être lié à une distinction
sociale.
En ce qui concerne le Néolithique récent, nous sommes presque sûrs
que la montée de certains ateliers avait entraîné une forme de spécialisa-
tion qu’on pourrait qualifier de professionnelle. La production plus
systématique de produits bien définis, par des artisans expérimentés,
demandait beaucoup de temps et il était normal que ces hommes
essaient de se libérer des soucis de la vie agricole et de vivre de ce qu’ils
pouvaient gagner en proposant leur production. Même si dans ce
domaine nous avons encore beaucoup à apprendre, on peut considérer
comme certaines les spécialisations concernant le tissage, la vannerie, la
fabrication des vases, la sculpture de figurines, le travail de la pierre et
la fabrication des bijoux. En même temps, il devait s’être créé une
classe de vendeurs et de marins. Malgré toutes les difficultés pour con-
naître ies produits périssables - tissage et vannerie par exemple - la
recherche a aussi à rassembler des éléments, grâce à l’imitation de
décors sur des matériaux plus durables et aux empreintes que certains
de ces articles ont laissées, et encore davantage aux outils qu’ils nécessi-
taient et qui ont été conservés. La plupart des empreintes de tissus et de
paniers nous viennent de Sitagroi et de Néa-Nikomédia et datent du
VIe millénaire. Parmi les instruments du tissage, les plus courants
étaient les fusaïoles, les poids, les navettes et les bobines. En ce qui
concerne la céramique, en dehors des nombreux vases conservés, nous
en connaissons la technique par l’analyse des éléments de base ; malheu-
reusement jusqu’à ce jour on n’a retrouvé qu’un seul four de potier -
à Sitagroi - mais nous pouvons en reconstituer la forme, dans ses
grandes lignes, et l’évolution ; des études et des expériences ont permis
de retrouver comment on préparait les vases néolithiques et on voit
comment on acquérait rapidement du métier et combien de nouvelles
méthodes furent découvertes grâce à de patientes expériences.
Dans les dernières phases, comme nous l’avons vu, le métal était