La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Le Bronze récent en Crète 335
de beaucoup, elle continue dans la voie tracée, au point qu’on se
demande souvent pourquoi on n’a pas appliqué les connaissances tech-
niques expérimentées avec succès dans d’autres branches. II est clair que
cela était voulu et ne résultait pas de l’incapacité ou du manque de
réflexion. Les gens vivaient dans le présent, au milieu d’une nature
bienveillante, et n’éprouvaient pas le besoin d’immortaliser le passé ou
de s’inquiéter outre mesure pour l’avenir ; d’autre part, ils se connais-
saient bien et ne cherchaient pas à faire étalage de leur personnalité,
même s’ils appartenaient aux classes les plus élevées, en se dotant d’un
environnement monumental et impressionnant pour en imposer ou se
glorifier. Ils sont restés anonymes dans la vie et dans la mort et ont
essayé de profiter, autant que possible, des joies que la vie leur offrait
dans un milieu confortable, qu’il soit naturel ou artificiel. Cela devient
très clair si l’on examine ce qui reste de l’artisanat et de l’art dans leurs
différentes branches, mais surtout en architecture.
Les nouveaux palais minoens
Entre la destruction totale des anciens palais et la construction des
nouveaux s’est écoulée une période intermédiaire qu’il n’est malheureu-
sement pas facile de définir avec précision. Dans cet intervalle, les
familles royales ont dû s’installer provisoirement dans d’autres bâti-
ments, et peut-être a-t-on essayé de réparer et de réutiliser des secteurs
des anciens palais ; on en a un exemple à Zakro. Toutefois, le fait
qu’on ait trouvé, dans le remplissage de la façade principale du palais
de Cnossos, derrière les orthostates, des tessons du MM III avancé,
prouve que la période qui a précédé la construction des nouveaux palais
a été assez longue, peut-être d’un demi-siècle. L’expérience malheureuse
acquise à la suite des catastrophes successives les avait convaincus de la
nécessité d’étudier davantage les problèmes statiques et de construction,
d’assurer une meilleure assise, une plus grande élasticité, une connexion
plus solide ; mais on n’entendait pas s’écarter de certains principes -
nombreux supports intérieurs, grandes ouvertures et plusieurs étages
superposés, ce qui pourtant n’offrait guère de garanties contre les
grands tremblements de terre.
II est intéressant de constater l’effort fait à Zakro pour remettre en
état - et sans aucun doute pour un usage palatial - une grande partie
de l’ancien palais : un secteur de l’aile orientale et très probablement
un autre au sud ; d’autres parties ont été construites à un niveau un
peu plus élevé, mais la plupart de ces secteurs ont été rasés et nivelés
lors de la construction du palais sous une nouvelle forme, peu après