La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

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1600 av. J.-C., semble-t-il. La réutilisation du secteur en question s’est
faite après que les sols des pièces du rez-de-chaussée eurent été surélevés
d’environ un demi-mètre, très probablement pour les protéger des eaux
qui sourdaient, ce qui implique qu’un changement géologique se serait
produit avec la catastrophe. Pour stabiliser davantage les bâtiments, on
a fermé quelques portes extérieures et intérieures, et certains murs ont
été renforcés ou doublés. Les pièces de l’étage ont été reconstruites et
c’est de là que, par des escaliers, on gagnait les pièces du rez-de-
chaussée désormais fermées vers l’extérieur. D’autres pièces du rez-de-
chaussée ont été remblayées et, au-dessus, on en a construit de nouvel-
les avec des sols en cailloux agglomérés. Une nouvelle couche d’argile a
recouvert la vaste cour centrale. I1 semble que plusieurs pièces du rez-
de-chaussée de l’ancien palais aient été définitivement remblayées et que
les nouveaux appartements aient été construits au-dessus ; c’est ce qui
expliquerait pourquoi la céramique du remblai date, dans cette région,
de la fin de l’époque protopalatiale. II est improbable qu’après une
catastrophe aussi totale, les étages de l’ancien palais aient été sauvés au
point de pouvoir être réutilisés, même après restauration.
Une réutilisation de ce type n’a pas encore été prouvée dans les autres
palais. Les nouveaux bâtiments sont construits après une période prépa-
ratoire et après avoir pris des mesures préventives. On décide alors de
remblayer totalement les anciens palais et de ne pas réutiliser les vieux
plans, sauf dans leurs principes les plus généraux. I1 ne nous est pas
facile de comprendre, avec les seuls éléments qui sont à notre disposi-
tion, si les plans ont été élaborés par des architectes d’élite travaillant
seuls ou par des équipes opérant pour tous les palais. Certaines ressem-
blances et analogies pourraient s’expliquer par la deuxième hypothèse.
Mais les différences sont plus nombreuses, et chaque palais présente ses
propres particularités : on peut considérer que chaque architecte ou
équipe d’architectes a fait preuve d’initiative, en s’adaptant aux condi-
tions et habitudes locales. Des chercheurs ont cru que des bâtiments
aussi divers et aussi complexes ont pu être faits par ajouts, comme des
arbustes qui se ramifient et bourgeonnent. Des critiques d’art allemands
ont même créé le mot de Knospenagglomerat. Toutefois, l’étude des
plans, jointe aux données archéologiques, montre que les bâtiments ont
été construits sur la base de plans unifiés, très bien étudiés, où tous les
détails avaient été prévus. Cela ne signifie évidemment pas qu’il n’y a
pas eu d’adjonctions, de changements ou de renouvellement des plans
originels ; au contraire, il y en a eu beaucoup d’une époque a l’autre,
après chaque tremblement de terre, et dans une même phase, pour des
raisons pratiques. Mais l’unité des plans s’est maintenue jusqu’à la fin.