La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

246 LA CIVILISATION GGÉENNE
justification en dehors du contrôle des routes commerciales, terrestres et
maritimes, sur l’étroite bande de terre qui sépare l’Europe de l’Asie.
Nous avons vu que la pénétration de la civilisation de I’Helladique
ancien, à partir de la côte vers le Nord du continent grec, s’est faite de
l’Est égéen et plus particulièrement de la Troade. L’importation massive
d’obsidienne de Mélos confirme les relations commerciales avec les
Cyclades, relations qui sont d’ailleurs prouvées par bien d’autres échan-
ges d’influences. Au contraire, les trouvailles archéologiques n’ont pas
révélé de contacts directs avec la Crète, sauf en ce qui concerne certai-
nes idées et expériences, dont les racines sont plutôt en Anatolie propre-
ment dite que dans l’Est égéen. Les liens commerciaux de cette région
avec le reste du monde égéen semblent se relâcher lors de la deuxième
phase et il est clair que cela est dû aux progrès de l’indépendance et à
l’infiltration de nouveaux éléments venus du Nord. Malheureusement,
nous ne pouvons presque rien dire du développement et de l’évolution
de la navigation et des types d’embarcations.
Quant à la vie sociale, on peut considérer comme certain qu’elle a
beaucoup hérité de l’époque chalcolithique, mais qu’elle n’a pas pris la
même forme dans les différentes régions - Troade, côte sud-est, îles du
nord et du sud, et région intermédiaire vers l’Anatolie proprement dite.
Cela est clair d’après les types d’habitats et d’après les indications que
nous possédons sur la division et la spécialisation des différentes bran-
ches de l’artisanat, comme sur la circulation des produits. A Troie, la
classe des cultivateurs et des éleveurs habite en dehors de l’acropole,
mais ce n’est pas le cas dans les îles ni dans les régions davantage liées
à la mer, ni non plus dans la zone centrale rivée à la terre - Yortan et
Kusura ou Karatas-Semayük. La spécialisation n’a abouti à la création
de classes d’artisans que dans les grands centres comme Troie ; toute-
fois, cette classe ne devait pas englober les artisans qui travaillaient à la
maison. La classe des ouvriers devait se composer surtout de bronziers,
d’orfèvres et de potiers. La circulation par mer des matières premières
et des produits finis devait être assurée par des marchands et des navi-
gateurs qui, sans aucun doute, profitaient des progrès réalisés dans les
autres régions du monde égéen. Pour les transports par terre, il devait
exister des transporteurs qui commerçaient eux-mêmes en grande partie.
L’arrière-pays et Chypre devaient fournir les matières premières, les
minerais et autres matériaux rares. L’or arrivait certainement par I’inter-
médiaire de ceux qui se trouvaient plus directement en contact avec la
principale source, la Nubie. La grande influence de la Russie méridio-
nale et de la civilisation de Kurgan, ou des importations depuis ces
régions, sont très nettes dans les haches de pierres fines d’un des trésors