La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

166 LA CIVILISATION ÉGÉENNE
presque sûr qu’il s’agit d’un sanctuaire de sommets. Cependant, dans le
stade final, des bâtiments de ce genre peuvent avoir également été utili-
sés pour loger des prêtres dont le pouvoir n’était pas seulement religieux
mais civil. I1 n’est pas exclu donc que de ce genre de chefs soient sortis
les rois dont les palais étaient à la fois des centres religieux et poiiti-
ques, aussi bien que les habitations de leur famille. On ne peut croire
que la concentration des pouvoirs dans les mains du roi, complètement
réalisée au début de la période suivante, se soit faite sans étapes. Nous
sommes encore moins renseignés, naturellement, sur l’organisation hié-
rarchique des dignitaires et des employés qui devaient constituer les
rouages, même élémentaires, du pouvoir politique des gouverneurs.
Les informations sur la vie religieuse sont également limitées puisque
nous ne pouvons être renseignés que par le matériel restant sous forme
de figurines, de symboles, d’ex-voto, d’ustensiles rituels, etc. et par la
configuration et l’arrangement des lieux de culte. Nous ne savons pres-
que rien sur la première phase, quoique certains lieux de culte nous
soient connus - les grottes d’Eileithyia à Amnisos, de Trapéza dans le
Lassithi, d’hkalochori (Pédiada), etc. - où furent trouvés des ustensi-
les rituels en assez grand nombre et quelques symboles. Des figurines
tout à fait primitives furent mises au jour dans la tombe de Pyrgos,
mais, à partir de la deuxième phase, la vie religieuse s’organise : on ren-
contre les premiers sanctuaires à l’intérieur des habitats - à Myrtos par
exemple -, nous trouvons des figurines désormais formées représentant
des divinités - comme l’a hydrophore D de Myrtos - et des adorants.
Des symboles apparaissent assez souvent - des doubles haches et une
forme qui annonce les cornes sacrées (Mochlos) -, mais surtout on a
des ustensiles destinés à l’accomplissement des rites et aux offrandes,
comme les kernoi avec leurs multiples réservoirs. Dès que des offrandes
à caractère quelque peu religieux et rituel accompagnent les morts dans
les tombes, nous y rencontrons aussi les ustensiles adéquats, ainsi que
des figurines et des symboles ; comme nous l’avons vu, des figurines de
type cycladique constituaient souvent une partie du mobilier funéraire.
La vie religieuse devint plus active dans la troisième phase, surtout
vers la fin de celle-ci, puisque c’est alors que furent organisés la plupart
des sanctuaires de sommets. Les diverses offrandes, les symboles, les
ustensiles rituels qui y furent trouvés - on en a vu beaucoup dans les
pages précédentes - témoignent des conceptions religieuses de l’époque.
Les objets de culte provenant de tombes de Crète orientale et de Crète
centrale en complètent l’image. Même si la vie religieuse ne se fondait
pas encore sur un système tout a fait développé, il est clair que les con-
ceptions de base étaient déjà formées et que c’est à elles que se sont