La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

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à cette phase, et il en était de même des vestiges architecturaux décou-
verts sous les autres constructions protopalatiales en Crète centrale et en
Crète orientale. Le style de Camarès était déjà né mais pas encore
arrivé à son apogée. La plupart des sanctuaires de sommet, les princi-
paux sanctuaires de grottes et les autres lieux de culte en plein air,
étaient fréquentés depuis plus d’un siècle déjà quand on a construit les
grands palais, et il va de soi qu’ils n’ont pas cessé de fonctionner même
si le culte qui y était pratiqué - du moins dans la plupart d’entre eux
- s’est plutôt affaibli, puisque de nouveaux sanctuaires ont été cons-
truits dans les maisons ou dans les palais.
Avec la construction des premiers palais, le rythme de l’évolution de
la civilisation change et son caractère se transforme sous l’influence des
grands centres palatiaux. Aussi sa qualification de civilisation protopala-
tiale peut-elle être considérée comme heureuse. Le centre de gravité se
déplace de Crète orientale en Crète centrale. Aujourd’hui on est sûr que
la civilisation s’est étendue sur une plus grande échelle, et qu’elle a
même atteint la Crète occidentale. Mais l’évolution générale ne s’est pas
faite sans troubles. Des catastrophes géologiques sont intervenues qui
ont détruit les villes et les palais, et les reconstructions ont donné
I’occasiofi d’un renouvellement de la vie et de l’art. C’est ce qui expli-
que les phases successives reconnues dans cette évolution et dont les
principales semblent avoir été au nombre de trois. La subdivision en
sous-phases n’a pu se faire qu’à partir de l’évolution céramique, mais il
ne serait pas sage de l’étendre aux autres manifestations de la civilisa-
tion. Quant à la céramique, il est préférable de distinguer pour chaque
phase, l’ancienne, la moyenne et la récente, sans autres subdivisions.
Une catastrophe très étendue a frappé - aux environs de 1700 croit-
on - toutes les villes et les centres palatiaux. Presque aucun habitat
n’est resté debout et la destruction a été si radicale que dans très peu
d’endroits on a décidé de reconstruire ou de réparer les bâtiments en
ruines. Beaucoup de sites ont été abandonnés et, là où les habitats ont
continué leur vie, on a construit sur d’autres plans et presque toujours
à un autre niveau. Ce renouvellement radical nous amène à distinguer
les bâtiments de l’époque protopalatiale de ceux de l’époque néopala-
tiale. Les destructions précédentes avaient eu beaucoup moins d’ampleur
et, à chaque fois, les bâtiments avaient été restaurés, sans grands chan-
gements de plans ou de niveau. II semble toutefois que les causes de ces
catastrophes aient été les mêmes, toujours sismiques, si l’on en juge par
leur étendue et par le fait qu’on n’a aucun élément pour supposer une
invasion ennemie. La civilisation évolue sans solution de continuité, tou-
jours dans la même voie. Par ailleurs on a bien des indices qui tendent