La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Le Bronze ancien 245
qu’on s’adonnait en même temps à l’élevage et qu’il s’agissait essentiel-
lement des mêmes espèces ; dans la plaine du Scamandre, les vallées des
autres fleuves et les plaines des îles, il devait y avoir des troupeaux de
bovins. La tradition hellénique postérieure a fait du roi Priam un
vacher. Toutefois, cela vaudrait la peine de se consacrer à une étude
plus systématique des squelettes d’animaux, pour avoir des données sta-
tistiques plus sûres. II ne fait pas de doute que la chasse, comme la
pêche, complétaient l’alimentation, mais nos informations ne sont pas
très positives, mis à part quelques restes d’os et des instruments de
chasse et de pêche comme des harpons et des hameçons. En ce qui
concerne la période finale des villes III-V de Troie, Blegen a enregistré
un changement radical du mode de subsistance avec la chasse, à partir
des innombrables ossements et bois de cerf et de daim.
Nous avons déjà dit un mot de l’importance du rôle joué par la
métallurgie - celle du cuivre surtout - dans le changement et I’organi-
sation de la vie ; on a vu que la fabrication des alliages avait commencé
très tôt et que cela avait permis que les outils et ustensiles de bronze
soient si répandus dans la deuxième phase. II est désormais considéré
comme certain que ce n’était pas les montagnes d’Europe centrale - la
Silésie - ni la péninsule Ibérique, ni les îles Cassitérides en Angleterre
qui constituaient la principale source d’étain, mais les montagnes centra-
les d’Anatolie. C’est ce qui explique la grande proportion d’étain conte-
nue dans les objets en bronze de l’Est égéen, et la découverte d’un
anneau en étain pur à Thermi de Lesbos. L’arsenic destiné à remplacer,
dans les alliages. l’étain toujours rare, se retrouve dans les outils en
bronze de l’Est égéen, mais en plus petite proportion que dans les
Cyclades. Les preuves d’une production locale à Thermi et à Poliochni
ne suffisent pas pour déduire que le métal des îles pouvait alimenter le
commerce. Toutefois, les trésors de Troade ont fourni tant d’ustensiles
et d’outils en bronze qu’on a l’impression que cette industrie aurait pu
approvisionner les autres régions du monde égéen. Les lingots d’argent
du (< Trésor de Priam )) n’étaient peut-être pas exclusivement destinés à
la production locale.
Les produits céramiques n’étaient pas d’assez bonne qualité pour être
exportés. Des exemples isolés de G dépas amphikypellon )) et autres for-
mes troyennes, trouvés dans les Cyclades ou sur le continent, étaient
essentiellement des imitations. Si l’on a présentes à l’esprit la situation et
la forme des habitats de la côte et des îles, on peut considérer comme
certain que le commerce - importation, exportation, transit - était
fort développé. Malgré tout ce qui a pu être écrit pour prouver le con-
traire, le site de Troie, sur les Dardanelles, trouverait difficilement une