La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

288 LA CIVILISATION ÉGI~ENNE
influencé de façon fondamentale l’architecture d’importantes sections
des palais - les cours centrales et occidentales et leurs façades, les pre-
miers théâtres, lieux essentiellement rituels. Nous avons vu qu’à côté du
palais de Malia a été édifiée et aménagée la première esplanade cons-
truite pour un but spécifique ; l’explication la plus probable est qu’elle
était destinée aux tauromachies et autres cérémonies publiques religieu-
ses ; nous avons vu aussi que dans les palais de Cnossos et de Phaistos
des lieux correspondants avaient été organisés, en bordure de la cour
occidentale. D’autre part, des ensembles de petites maquettes en terre
cuite comme ceux du palais de Cnossos nous renseignent sur les disposi-
tions et les éléments essentiels des lieux de culte palatiaux : les autels,
les sanctuaires aux trois colonnes, les enclos d’arbres sacrés, les palan-
quins pour le transport des membres du clergé, etc. Ce qui est caracté-
ristique, c’est la manifestation de la présence divine sous la forme
d’oiseaux qui étaient représentés perchés sur les colonnes sacrées. Les
symboles les plus importants - double hache, double corne, bucrane,
peut-être aussi la croix - dont nous connaissons des formes primitives
dès l’époque prépalatiale, prennent maintenant la forme qu’ils garderont
même à l’époque post-minoenne. I1 reste toujours le problème de savoir
quelles influences extérieures - Orient, Anatolie, Égypte - se sont
exercées pour donner leur forme finale à la doctrine et aux rites de la
religion minoenne. Les éléments dont nous disposons pour en juger
sont, pour l’instant, encore insuffisants.
Dans le développement de la vie économique, la construction des
palais a été un facteur fondamental ; ce sont eux qui ont joué un rôle
régulateur avec les ateliers royaux, le prodigieux stockage dans les
magasins, le contrôle bureaucratique. Alexiou a soutenu, présentant de
forts arguments à l’appui, que le commerce en Crète est resté essentiel-
lement palatial. Le contrôle royal était à même de régler la production
suivant les demandes intérieures et extérieures, d’importer des matières
premières, d’assurer l’amélioration de la qualité. Les produits exportés
vers l’Égypte ou l’Orient - cadeaux ou échanges - sont mentionnés
dans les archives locales et on en a retrouvé des spécimens dans des tré-
sors d’ex-voto ensevelis dans les sanctuaires, le mobilier funéraire, ou
parmi les ustensiles des ouvriers qui ont travaillé à l’édification des
pyramides et autres monuments funéraires en Égypte. Le problème des
relations de la Crète avec le monde extérieur a préoccupé bien des spé-
cialistes dont certains - comme Pendlebury pour l’Égypte et Frankfort
pour la Mésopotamie - ont publié des objets (scarabées et cylindres
orientaux) qui étaient importés en Crète, alors que Flinders Petrie et