La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

128 LA CIVILISATION ÉGPENNE
qui, peu à peu, se développèrent dans les régions du monde égéen, sur-
tout au cours du IIIe millénaire av. J.-C. Les progrès graduels et ies
innovations bienfaisantes dans chaque domaine - production, technolo-
gie, organisation sociale et économico-commerciale, aptitudes intellec-
tuelles, facultés symboliques et projections spirituelles - furent réalisés
sous le contrôle de forces équilibrantes alternativement négatives et posi-
tives (positive and negative Feedback), mais le plus souvent grâce à des
échanges stimulateurs qui eurent des effets multiplicateurs sur le pian
global et élargirent la zone d’influence. Le principe essentiel du progrès
est, certes, le pouvoir de l’homme de s’adapter à son environnement,
mais aussi et surtout le pouvoir de transformer cet environnement de
manière à arriver plus aisément à ses fins. Et le degré de culture comme
la richesse augmentent sans cesse plus rapidement par la création de
nouveaux systèmes et sous-systèmes qui structurent de plus en plus fine-
ment l’activité dans tous les domaines. I1 n’est pas rare qu’il y ait une
stagnation dans l’évolution d’une culture quand de nouveaux facteurs
de civilisation ne trouvent pas un terrain favorable à leur développe-
ment dynamique. C’est ainsi que la métallurgie tarda beaucoup, en
Orient, à constituer un élément de base et régulateur des échanges,
tandis que dans le monde égéen l’évolution se fit rapidement dès
qu’arrivèrent les premiers enseignements. L’effet multiplicateur entraî-
nant le progrès en chaîne dans les différents systèmes et sous-systèmes,
il se produisit dans la civilisation ce que Gordon Childe nomma (( révo-
lution », c’est-à-dire un passage abrupt d’un niveau à un autre beau-
coup plus évolué, qui peut apparaître comme surprenant.
Ces théories ont donné lieu, on l’a vu, avec des arguments plus ou
moins convaincants, à trois interprétations de la naissance et des débuts
de la civilisation égéenne. Mais elles sont toutes trois unilatérales, car,
comme cela a été prouvé, tous les facteurs - immigration, influences,
apports locaux - jouèrent un rôle presque égal. Aussi, dans l’exposé
qui suit, a-t-on préféré étudier les éléments fondamentaux de la civilisa-
tion de chacun des membres de la famille égéenne aux époques les plus
importantes et sous leur aspect le plus caractéristique, en recherchant à
chaque occasion quel est le mode d’explication le plus rationnel d’après
les éléments dont nous disposons. A la fin de chaque chapitre sera ten-
tée une synthèse qui ne peut avoir d’autre caractère que celui d’un
ensemble d’hypothèses scientifiques attendant une confirmation future.
II va de soi que nos sources - qui proviennent de la recherche
archéologique et de divers autres éléments fondés, pour une part, sur la
tradition - sont très inégales et différentes de caractère, suivant I’épo-
que et l’endroit. En générai, elles sont plus éparses, plus floues, voire