La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

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supposer - mais ce n’est là qu’une hypothèse - que les enseignements
de la Crète et des Cyclades dans ce domaine, avaient porté leurs fruits
sur le continent. La vie sociale a également évolué sur la base de classes
séparées nées de la spécialisation, de la prédominance des nouvelles
techniques et du besoin de s’adapter aux conditions de l’environnement.
Cette évolution n’a pas dû être tout à fait la même qu’en Crète et dans
les Cyclades, puisque les conditions et le support néolithique étaient dif-
férents. L’importance nouvelle prise par l’agriculture et l’élevage a dû
avoir pour conséquence que les agriculteurs et les éleveurs ont constitué
les classes sociales fondamentales. I1 ne devait exister des classes de
marchands et de navigateurs que dans les régions côtières. Les dangers
intérieurs et extérieurs n’étant pas très importants, il aurait été superflu
d’avoir des classes spéciales chargées de la défense, militaires ou flotte
de guerre. Les éléments nouveaux se sont installés le plus souvent paci-
fiquement, en s’infiltrant, et les catastrophes de la fin de la deuxième
période ont dû être soudaines, quoique certaines fortifications montrent
que des mesures avaient été prises pour pouvoir se défendre en cas
d’attaque. Nous avons encore moins d’indices sur l’existence d’une
classe religieuse qui semble plutôt improbable, car les gens ne semblent
pas avoir été très religieux. Jusqu’à quel point les anciennes familles et
les génos ont-ils survécu, nous ne sommes pas en mesure de le savoir ;
on peut toutefois supposer qu’avec le temps ils se soient affaiblis, aient
cessé de jouer un rôle important. Les différentes classes sociales ont dû
être indépendantes très tôt ; ce n’est que dans l’artisanat que les secrets
techniques devaient se transmettre de père en fils et rester au même
génos, mais il n’est pas sûr que les artisans aient constitué une classe à
part. L’artisanat domestique était pratiqué par tous, et l’expérience
jouait un rôle essentiel dans les progrès accomplis ; quand il était néces-
saire de produire sur une plus grande échelle, comme c’était le cas de la
céramique et de la métallurgie, il devait y avoir des artisans spécialisés.
II ne fait guère de doute que les céramistes allaient d’un endroit à
l’autre fabriquer et vendre sur place leurs ustensiles de terre cuite, sur-
tout les grands, comme le faisaient encore les potiers jusqu’à une épo-
que récente. C’est du moins ce que laisse supposer la découverte de jar-
res portant comme décor la même empreinte de sceau, et qui ont été
trouvées dans différentes régions, éloignées les unes des autres.
La vie politique devait à peine commencer à se développer, peut-être
sans organisation systématique d’une hiérarchie d’administrateurs. Cer-
tains voient dans l’existence de grands bâtiments, à Lerne et à Akovi-
tika en Messénie, des indices d’une organisation politique ; de telles
constructions devaient répondre à des buts précis, plus politiques que