La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Le Bronze ancien 189
de bronze sont peu nombreux, en comparaison avec la Crète. Sans
aucun doute, la rareté du métal faisait qu’on le refondait. Dans les îles,
il n’y avait que de pauvres filons de métal ; on a trouvé de I’azurite à
Naxos et des scories de cuivre à Paros, Syros et Mélos. Pour préparer
le bronze, on faisait des alliages avec de l’étain, plus souvent qu’en
Crète à ce qu’il semble ; mais dans les deux régions on rencontrait des
difficultés dans l’approvisionnement en minerai. Aussi remplaçait-on
souvent l’étain par de l’arsenic, que ce soit dans les Cyclades ou en
Crète. Plus tard, quand l’approvisionnement était devenu plus facile, les
alliages étaient normalement faits avec de l’étain. Le bronze était indis-
pensable pour fabriquer des armes et des outils résistants. C’est dans la
deuxième phase qu’on rencontre les premières matrices en schiste dans
lesquelles on coulait ces outils et ces armes ; elles proviennent de Cha-
landriani et étaient destinées à des haches et des ciseaux. Peut-être y
avait-il sur place un four qui a disparu, parce que dans la même pièce
on a trouvé de nombreux outils de bronze, d’os et de pierre, apparte-
nant sans aucun doute à un artisan spécialisé dans le travail du métal,
et peut-être aussi dans d’autres industries. L’existence de récipients faits
de barres de métal et de diadèmes en métal prouve qu’on avait appris
très tôt les techniques du laminage et du clouage, aussi bien que celle de
la soudure. Parallèlement au cuivre, on exploitait de pauvres filons d’or
dans les îles - Siphnos par exemple - et on extrayait l’argent, par des
méthodes spéciales, des minerais de plomb. Le travail du plomb était
plus facile parce qu’il fond à basse température. Des poids de plomb
ont été trouvés à Kéa et à Phylakopi ; ce métal était moins utilisé pour
les bijoux que pour les poids de filets, les soudures, les balles de
fronde, etc. Trois maquettes de bateaux en plomb ont été trouvées dans
une tombe de Naxos. L’argent, lui, était employé pour les bijoux -
épingles, diadèmes, bracelets, serre-cheveux. L’or, si abondamment uti-
lisé - toutes proportions gardées - en Crète, en Asie Mineure et dans
les îles voisines, est rare dans les Cyclades et on ne le trouve que pour
de très petits bijoux. Mais peut-être ce métal précieux, si rare dans les
pauvres habitats de pêcheurs, était4 refondu pour prendre chaque fois
de nouvelles formes. Dans les diadèmes en argent on utilisait une déco-
ration pointillée et incisée ; les repoussés sont presque inconnus dans les
Cyclades à cette époque.
Le soudain progrès réalisé dans la métallurgie au début de la
deuxième phase doit être dû aux mêmes causes que celles qui ont amené
un progrès général dans presque toutes les branches de l’artisanat. Mais
cette métallurgie a été à l’origine d’un progrès encore plus grand, puis-
que c’est grâce à elle que s’est perfectionné l’outillage technologique. I1