La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Introduction 41
que le héros trouva la mort, en revêtant la tunique teinte dans le sang
du Centaure Nessos, que Déjanire, jalouse, lui avait envoyée et qu’il
prit pour un philtre d’amour. La partie immortelle de l’âme d’Héraclès
reçut l’apothéose après sa mort, et le héros fut accueilli triomphalement
dans l’Olympe.
D’après la tradition, les descendants d’Héraclès furent chassés
d’Argolide, de Béotie et de la région de Trachis ; après de longues cour-
ses errantes, ils furent accueillis en Attique par le roi Démophon ; ceci
provoqua une guerre avec les Mycéniens d’Eurysthée et celui-ci y trouva
une mort tragique. Les différentes tentatives des Héraclides pour se
réinstaller en Argolide ne réussirent qu’après trois générations ; ils
revinrent grâce à l’aide des Doriens, sous le commandement de Témé-
nos, de Cresphontès et des frères jumeaux Proclès et Eurysthénès et
sous la conduite de I’Étolien Oxylos ; ils passèrent dans le Péloponnèse
par le golfe de Corinthe. Le dernier roi de Mycènes, Tisaménos, fut
exterminé et le Péloponnèse fut finalement partagé en quatre par les
chefs.
Les mythes corinthiens se rattachent autant au monde éolien de 1730-
lie, la Béotie et la Thessalie qu’à l’Argolide ou la Lycie (Asie Mineure).
Le chef de génos, Sisyphe, est présenté dans la tradition mythique
comme l’homme le plus rusé du monde et son descendant, Ulysse,
hérita de cette ingéniosité par l’intermédiaire d’Anticlée, la fille d’un
autre homme rusé, renommé pour ses vols, Autolycos. C’est dans la
région de Corinthe que s’exerça la plus grande partie de son activité
jusqu’à l’isthme tout proche, mais ses perspectives s’étendaient jusqu’en
Thessalie. Ayant dénoncé l’union de Zeus et d’Égine, il fut condamné
dans les Enfers au supplice que l’on sait. De son fils Claucos - qu’il
ne faut pas confondre avec Glaucos le fils de Minos - naquit Belléro-
phon, principal héros de Corinthe mais que ses exploits relièrent à la
Lycie ; Proitos l’envoya au roi de ce pays, Iobatès, porteur (( de signes
funestes tracés sur un pli fermé B, pour qu’il fût exterminé ; après
l’accusation calomnieuse de sa femme Antéia ou Sthénobée, Iobatès
préféra lui confier des missions dangereuses : l’extermination de la Chi-
mère - ce monstre bizarre qui était à la fois chèvre, lion et serpent -
qu’il réussit, pensait-on, grâce à l’aide de Pégase, puis une expédition
contre le peuple sauvage des Solymes.
Les mythes laconiens et messéniens se rattachent étroitement aux
mythes des autres régions du Péloponnèse. En Laconie on considérait
que le chef de génos indigène, père de I’Eurotas, était Lélex ; Amyclas
et Hyacinthos sont ses petits-fils et personnifient le grand centre mycé-
nien d’Amyclae et le jeune dieu Hyacinthos. Autre descendant de Lélex,