La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

116 LA CIVILISATION ÉGÉENNE
cornes développées et enroulées ; on se serait attendu à ce que la muta-
tion se fît très tôt dans le monde égéen ; or, on ne remarque la dispari-
tion des cornes que chez les femelles à partir du Néolithique moyen.
Les chèvres, en général, étaient plus grandes que les moutons et leurs
cornes rappellent les yatagans, au moins au Néolithique ancien. Plus
tard les cornes sont tournées vers l’extérieur. Les porcs, eux aussi, sont
grands et généralement bien nourris ; ils se distinguent très facilement
des sangliers, même s’ils ont gardé de ceux-ci bien des éléments caracté-
ristiques. Leurs défenses n’atteignent que le tiers de la longueur de cel-
les des sangliers. Les bovins conservaient beaucoup des caractéristiques
des bisons, surtout au début du Néolithique. Mais il y avait des varian-
tes dans les cornes - longues ou courtes - et dans la taille - grands,
petits, nains. En ce qui concerne l’utilisation des divers animaux par
l’homme nous constatons - par les restes, les représentations, les sous-
produits - que dans un laps de temps très court les différentes formes
d’exploitation des animaux se développèrent. Les différences sont sur-
tout quantitatives et varient d’une période à l’autre. Les animaux qui
n’étaient pas d’un bon rapport - en dehors de la viande - étaient tués
relativement jeunes comme le prouvent les comparaisons entre animaux
jeunes et vieux. Quelques porcs sont gardés vieux, le faible pourcentage
restant était suffisant à leur reproduction normale. L’homme utilisa
relativement très tard la vache pour son lait ; c’est relativement tard
également qu’il exploita les bœufs pour tirer les charrettes. Le lait était
surtout produit par les chèvres et les brebis. Les éléments dont nous dis-
posons montrent, en revanche, qu’on utilisa relativement tôt la laine des
moutons pour les matelas et les tissus. Le chien, en tant que compa-
gnon de l’homme et aide pour la chasse, n’était utilisé qu’accidentelle-
ment ; au fur et à mesure que la chasse se faisait plus rare on éprouvait
moins le besoin d’avoir des chiens, jusqu’à ce qu’on comprît combien
certaines espèces étaient précieuses pour la garde des troupeaux.
En ce qui concerne les autres occupations des hommes de l’époque
néolithique nous ne sommes pas bien informés ; mais il est sûr qu’elles
n’étaient pas encore assez systématiques pour qu’on puisse parler de
commerce, de navigation, de métiers techniques ou de l’art pour l’art. I1
serait également inexact de voir dans l’économie néolithique une écono-
mie purement agreste. Très tôt l’homme réussit à subvenir à ses besoins
propres et à ceux de sa famille en développant ses dons de créateur ;
mais il est clair - puisqu’il y eut très tôt des sociétés organisées - que
les plus capables et les plus doués d’entre leurs membres rendaient ser-
vice à une communauté toujours plus étendue en produisant un certain
type d’objets, bien sûr avec des compensations ; et cette production