La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

48 LA CIVILISATION ÉGÉENNE
Périérès prit pour femme la fille de Persée, Gorgophoné, et de celle-ci
naquirent les autres rois de Laconie et de Messénie : Hippocoon,
Tyndare, Apharée et Leucippos. Le rapt des Leucippides par les Dioscu-
res - les enfants de Tyndare, Castor et Pollux - témoigne de la riva-
lité dynastique des deux régions pourtant voisines ; mais les Dioscures
collaborent souvent avec les Apharides, Idas et Lyncée, à des enlève-
ments de troupeaux dans l’Arcadie toute proche ; mais ils en arrivent à
un antagonisme mortel. Le mythe de l’alternance de Castor et Polux
aux Enfers est né, à ce qu’il semble, de conceptions religieuses. Leurs
sœur Hélène, née de Léda par un œuf, comme les Dioscures - puisque
le dieu s’était métamorphosé en cygne - fut enlevée par Thésée et
devint la cause d’expéditions en Attique, avec les Dioscures pour chefs,
qui devinrent plus tard protecteurs des jeux et des voyageurs. La belle
Hélène servit aussi de prétexte à la longue expédition des Achéens con-
tre Troie puisqu’elle se laissa enlever par Pâris. Son mari, le roi de
Sparte Ménélas, fils d’Atrée et frère d’Agamemnon, continua à régner,
même après la guerre, avec à ses côtés Hélène, toujours belle, à qui il
avait pardonné. Après sa mort, celle-ci reçut l’apothéose et devint une
divinité lunaire et de la végétation (a dendritès H).
En Messénie - qui resta sans roi après la chute des Apharides -
c’est Nestor, le fils de Nélée, qui prit en main le pouvoir royal. Nélée
appartenait à la tribu des Minyens et vint de la région de Pagasai, en
basse Thessalie, coloniser Pylos ; il entra - comme nous l’avons vu -
en conflit avec Héraklès et Pylos fut détruite, puis reconstruite. Nestor
étendit son pouvoir sur toute la Messénie, la Triphylie et la région de
l’Alphée ; il régna pendant trois générations et prit part à la guerre de
Troie. A son retour il garda son royaume pendant des années encore,
jusqu’à ce que son fils, Pisistratos, lui succédât. Avec la descente des
Héraclides son pouvoir passa aux mains de Cresphontès.
Les traditions mythiques du Péloponnèse ont des liaisons avec les tra-
ditions de la Grèce centrale et en particulier l’Attique, la Béotie, I’Éto-
lie, l’Acarnanie, les régions de Phtia et du golfe de Pagasai.
En Attique - Actique comme on l’appelait autrefois - Cécrops, le
premier roi autochtone, croyait-on, avait arbitré la querelle entre Poséi-
don et Athéna pour la domination et la protection du pays. Les signes
de leur puissance divine, l’olivier sauvage et les traces du trident, étaient
visibles sur l’Acropole, à l’Érechthéion. C’est d’Athéna que la ville
principale prit son nom. Les successeurs de Cécrops furent Cranaos,
Amphictyon et Érichthonios. Le fils de ce dernier, Pandion, est connu
pour la triste histoire de ses filles, Procné et Philomèle qui, pour venger
le viol commis par Térée, roi de Thrace allié, sur sa belle-sœur, tuèrent