La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Introduction 23
de la Méditerranée pénétrèrent dans le golfe de Corinthe ; la zone sep-
tentrionale du Péloponnèse émerge et l’île d’Égine se détache. Dans le
grand lac qui sépare l’Eubée de l’Asie mineure, les ensembles de Skyros
et de Lesbos sont isolés. Les changements continuent, avec une vivacité
moins grande mais une égale efficacité dans la première période du qua-
ternaire, le Pléistocène, époque glaciaire et médio-glaciaire en Europe -
il y a deux millions d’années jusqu’à dix milliers d’années avant notre
ère. Les grands lacs intérieurs du Péloponnèse, de Grèce centrale et de
Thessalie disparaissent et le grand lac de l’Égée du nord est unifié : à
l’origine il ne communiquait pas avec la mer de Crète et puis des passa-
ges s’ouvrirent entre la Crète et Cythère d’une part, entre la Crète et le
Dodécanèse de l’autre ; de même l’Hellespont et la Propontide se for-
mèrent en détroit. Les sommets des chaînes immergées constituèrent les
Cyclades tandis que les dernières ruptures des côtes donnèrent naissance
à l’Eubée, aux Sporades du nord, aux îles qui se trouvent devant l’Hel-
lespont et à celles qui bordent la côte d’Asie Mineure. La configuration
de ces régions n’était pas du tout stable et dépendait pour beaucoup de
la formation ou de la fonte des glaciers, le niveau du bassin égéen pas-
sant ainsi de 100 à 200 mètres. En Ionie cette variation du niveau
donna naissance aux îles ioniennes.
L’érosion et la désagrégation des montagnes de Grèce continentale ou
de Crète créèrent quelques plaines fertiles. Les collines sont alors cou-
vertes d’une légère végétation, qu’on retrouve aujourd’hui à travers les
empreintes fossilisées de pollens et de fruits, dans les lignites de forma-
tion récente ; au centre et au sud on trouvait une grande variété de
plantes aromatiques et de nombreux conifères, surtout de l’espèce des
pins. Le monde végétai variait évidemment suivant le climat et la posi-
tion des régions, allant de la végétation semi-tropicale a la steppe ou à
la toundra. La riche faune connue dans la steppe attique à l’époque
précédente disparut presque complètement ; seuls quelques hippopota-
mes et différentes espèces d’éléphants à très longues défenses conti-
nuaient à rôder dans des régions isolées. La découverte la plus caracté-
ristique, toutes proportions gardées, a été faite dans le bassin de Méga-
lopolis en Arcadie : dans le lit d’un torrent on a découvert les restes
d’une nombreuse faune d’éléphants, d’hippopotames, de rhinocéros des
forêts, de chevaux et de cerfs, tous animaux qui vivaient dans un climat
chaud semi-tropical ; en même temps on a trouvé des restes d’une autre
faune de climat froid et glaciaire : des mammouths, des bisons, des rhi-
nocéros velus. Les éléphants, dont les espèces ont varié suivant les épo-
ques climatiques (méridionalis, antiquus et primigenius), étaient les ani-
maux les plus importants.