La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

42 LA CIVILISATION ÉGËENNE
duquel les jeunes gens de la suite de Thésée dansèrent le (( géranos B,
dont les méandres rappelaient les détours des couloirs du labyrinthe.
Dans les mythes et les traditions du reste de la Grèce continentale et
insulaire, on aperçoit très clairement ce qui est lié à l’expansion de la
civilisation crétoise et aux fermentations intérieures, surtout du début de
l’époque mycénienne, jusqu’à la descente et à l’établissement dans le
pays des dernières tribus grecques. Au contraire, très peu d’éléments
peuvent être rattachés aux périodes préhistoriques plus anciennes, l’âge
de la Pierre, du Bronze ancien et du Bronze moyen. Les noyaux de ces
mythes et de ces traditions évoquent pour la plupart les grands centres
mycéniens du Péloponnèse (Argolide, Laconie, Messénie et Triphylie,
Élide, Arcadie), de la Grèce continentale (Attique, Béotie et Étolie-
Acarnanie) et de la Grèce centrale (surtout la basse Thessalie et la
Phthiotide). Les mythes caractéristiques et les traditions se font plus
rares en montant vers le Nord, tout comme les centres mycéniens d’ail-
leurs. Mais il faut souligner que tout sanctuaire grec connu se rattachait
à la civilisation égéenne par des mythes et des traditions. La religion
crétomycénienne marqua de son sceau les mythes sacrés.
Ceux de l’Argolide arrivent les premiers et c’est normal puisque c’est
là que fleurirent les centres mycéniens les plus importants. Dans la
plaine d’Argolide, qui souffrait tant de la sécheresse, c’est le fleuve-
torrent Inachos qui était la principale source de vie ; il était donc natu-
rel qu’il fût considéré comme un chef de génos. Arbitre dans la dispute
entre Héra et Poséidon pour la possession du pays, il prit le parti de la
première qui devint ainsi la déesse protectrice. Mais la fille d’lnachos,
Io, devint la rivale d’Héra et fut, pour cela, métamorphosée en génisse ;
Argos fut désigné pour être son gardien aux innombrables yeux. Elle
fut délivrée par Hermès qui réussit avec peine à tuer Argos et prit alors
le nom d’Argéiphontès. Peut-être ce mythe avait-il pour base des con-
ceptions religieuses et un culte du ciel, davantage soulignés dans les
courses d’Io, conséquence de la vengeance d’Héra. Elle alla des régions
hyperboréennes en Asie Mineure, en Syro-Phénicie et jusqu’en Égypte
où elle reprit sa forme humaine. C’était une façon de lier l’histoire
mythique de l’Argolide avec le pays du Nil. Avec son fils Épaphos -
qui fut rapproché d’Apis - elle émigre en basse Égypte, les Courètes
n’ayant pas réussi à faire disparaître le nouveau-né ; la recherche de
l’enfant par sa mère, jusqu’à Byblos en Phénicie, est analogue à I’his-
toire d’Osiris qu’Isis trouva à Byblos dans une colonne en bois du
palais. Le lien avec l’Égypte paraît encore plus étroit dans le mythe de
Danaos et de ses filles, les Danaïdes ; Danaos s’était disputé avec son
frère Égyptos pour la possession du royaume d’Égypte. Enfin, il partit