La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Le Bronze ancien 223
prendre la forme de simples échanges entre producteurs. I1 n’est pas
nécessaire de supposer l’existence d’une catégorie spéciale de marchands,
excepté peut-être sur les côtes où l’on s’adonnait davantage à l’importa-
tion des matières premières et des produits étrangers et à l’exportation
du surplus de la production et des produits travaillés. Ce commerce
d’importation et d’exportation devait pouvoir se faire également avec les
bateaux cycladiques et crétois, plus aptes que les bateaux du pays - de
toute façon peu nombreux - à franchir de grandes distances. II ne fait
pas de doute que la partie occidentale du monde helladique ancien avait
des relations commerciales avec la Méditerranée occidentale, surtout
avec l’Adriatique, l’Italie méridionale et la Sicile, puisque les échanges
d’influences sont très nets, et d’abord dans la céramique. Au contraire,
la partie orientale est tournée vers les îles de l’Égée, la Crète et, encore
plus loin, vers la côte anatolienne, la région syro-phénicienne, Chypre
et, un peu moins, vers l’Égypte. Peut-être le continent grec
s’approvisionnait41 en certains métaux - comme le cuivre, l’ivoire, l’or
et l’argent -, par l’intermédiaire des Cyclades et de la Crète. Mais il
devait pouvoir se fournir directement en obsidienne - qui semble exclu-
sivement provenir de Mélos -, sauf si celle-ci venait en même temps
que les autres produits cycladiques, dans les bateaux des îles, comme
cela se faisait sans doute dans les régions d’influence cycladique. Les
marbres cycladiques étaient importés comme matière première, mais pas
en grandes quantités à ce qu’il semble. L’exportation de produits tra-
vaillés portait surtout sur la céramique puisqu’on en trouve, et surtout
du type des a saucières », dans les Cyclades. La kykiadische Storung
était la conséquence d’un commerce d’importation relativement étendu à
partir des Cyclades. I1 est toutefois malaisé de suivre les importations
faites à partir de la côte anatolienne. Et il est encore plus difficile de
voir les importations et les exportations avec la Crète ; on a d’abord
cru qu’elles étaient très rares ; récemment, on a appris que la Crète
occidentale du moins faisait venir des objets du continent, comme des
Cyclades d’ailleurs, et que des objets crétois, même dispersés, arrivaient
- surtout dans la troisième phase - jusqu’au continent. A Lerne on a
trouvé des skyphoi à becs pontés, caractéristiques du MM IA, c’est-à-
dire de la fin de la phase protocrétoise. A Cythère on a mis au jour des
vestiges d’un comptoir commercial crétois, daté de la deuxième phase.
Les empreintes de sceaux de Lerne sont peut-être la meilleure preuve
d’un commerce vivant avec la Crète ou les Cyclades.
Malheureusement, nous savons fort peu de choses des moyens de
communication sur terre et sur mer. Nous ne savons presque rien des
réseaux routiers ni des embarcations de commerce ou de pêche. On peut