La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Introduction 17
nèse, est presque détachée du tronc principal avec des golfes très pro-
fonds, le golfe de Corinthe d’ouest en est et le golfe Saronique d’est en
ouest. Un isthme étroit, l’isthme de Corinthe, constitue le seul lien avec
le tronc de ce qui est presque une île au milieu des trois mers qui
l’entourent, la mer Ionienne, la mer Égée et la mer de Crète, comme la
paume d’une main aux doigts ouverts. Ses montagnes centrales -
d’Arcadie et de Laconie - prolongent en fait la colonne vertébrale du
Pinde et, comme celle-ci, se ramifient pour donner naissance, dans tou-
tes les directions, à d’autres ensembles montagneux. Les Îles de la mer
Ionienne, à l’ouest, sont en fait des péninsules qui se sont détachées et
les îles de Cythère et d’Anticythère, qui prolongent le cap sud du Pélo-
ponnèse, sont les seuls restes du pont de terre qui reliait jadis le conti-
nent à la grande île de Crète. D’autres excroissances, du côté est de la
péninsule grecque, au-delà de l’Argolide et de l’Attique qui sont elles-
mêmes des péninsules, de la longue île d’Eubée détachée du continent,
se sont émiettées en une chaîne d’îles.
Aux limites nord de l’Égée, la grande péninsule de Chalcidique se
prolonge en trois presqu’îles qui sont comme des langues isolant des
golfes profonds ; celles des extrémités sont à peine retenues par une fine
tige qui les empêche de se séparer et de devenir des îles. Plus à l’est,
l’île de Thasos s’est détachée de la côte.
Au sud, l’Égée est fermée par la grande île de Crète, la cinquième
par la taille des îles de la Méditerranée, qui s’étend d’est en ouest,
oblongue, tandis que des chaînes d’îles la relient au tronc de la pénin-
sule grecque et à l’extrémité sud-est de l’Asie Mineure. Quatre grands
ensembles de montagnes - les Monts Blancs, l’Ida (Psiloritis), le Dikté
central (monts du Lassithi) et le Dikté oriental (monts de Sitea) -
isolent peu de grandes plaines - exception faite de la plaine de la
Messara -, mais beaucoup de vallées plus ou moins larges. La côte
nord, assez découpée, dessine des caps et des golfes et peu de petites
îles la bordent ; la côte sud, au contraire, n’abrite presque pas de
ports mais de simples mouillages, et souvent les montagnes tombent
à pic dans la mer.
La bordure est de l’Égée n’est pas moins déchiquetée en péninsules,
caps, golfes profonds ; de véritables rangées d’îles sont si près des côtes
qu’elles semblent les prolonger. Au fond des golfes, des plaines plus ou
moins grandes ou de simples vallées assurent la liaison avec I’arriere-
pays et, au fur et à mesure qu’on avance, ce sont de vastes étendues, de
montagnes ou de plaines, qui s’isolent de l’Égée. L’un des points les
plus névralgiques est la double porte - Hellespont, Propontide et Bos-
phore - qui sépare la côte d’Asie de celle d’Europe. Quand on la fran-