La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Le Bronze ancien 167
adaptés les lieux de culte avec leurs installations, le rituel et les symbo-
les. Nous avons ainsi des sanctuaires de sommets destinés à des divinités
de caractère probablement céleste, des sanctuaires domestiques et de
plein air voués à la déesse terrestre qui avait peut-être déjà pris la
forme de la déesse-mère et de la potnia tbérôn (maîtresse des animaux),
des sanctuaires souterrains dans des grottes, réservés aux manifestations
des divinités chthoniennes. Dans les sanctuaires de sommets, il a été
confirmé que les rites s’accompagnaient de l’allumage de grands feux
dans lesquels on jetait les figurines, les ex-voto et beaucoup des ustensi-
les à offrandes. On croyait que la divinité céleste pouvait intercéder
dans les guérisons, comme l’ont montré les ex-voto de terre cuite - de
Petsofa par exemple. Nous avons des représentations de la déesse-mère
dans les ustensiles à offrandes du type des rhytons : la déesse en buste
presse ses seins pour qu’en sorte le lait, source de vie, dont ces ustensi-
les étaient remplis. D’autres rhytons avaient pris la forme des animaux
sacrés, surtout les taureaux, et sur quelques-uns d’entre eux, nous avons
vu que sont représentées les premières captures de taureaux avec des
petits chasseurs grimpés sur les cornes des animaux. Partant du fait que
les formes féminines dominent totalement dans le panthéon minoen, et
cela déjà depuis l’époque prépalatiale, certains chercheurs sont arrivés à
la conclusion que l’organisation sociale était matriarcale, mais cela n’est
pas sûr du tout. Dans la troisième phase, les kernoi, en tant que vases à
offrandes, sont beaucoup plus nombreux et ils accompagnent fréquem-
ment les morts dans leur tombe - nous avons vu les kernoi à pied et
ceux qui sont en forme de salières. C’est d’ailleurs dans les tombes
qu’on trouve le plus de rhytons plastiques représentant des divinités et
des animaux sacrés. Dans les vestibules des tombes à coupole on a mis
au jour des installations indiquant qu’ils étaient utilisés comme des sor-
tes de sanctuaires pour un culte des morts.
Nos connaissances sur la vie privée sont également limitées, surtout
dans la phase initiale. Les vestiges des bâtiments et les objets qui furent
trouvés à l’intérieur de ceux-ci sont trop peu nombreux pour nous aider
à nous former une idée, aussi générale soit-elle. Que la vie ait été très
primitive et que la plupart des gens aient vécu dans des grottes et se
soient vêtus de peaux, c’est là pure hypothèse. Peut-être que des éle-
veurs et de pauvres cultivateurs continuaient encore à vivre de cette
façon. Le haut niveau de la production artistique, les indices que nous
possédons sur le travail des métaux et même des métaux précieux, ainsi
que la densité des échanges avec les Cyclades, montrent que la vie indi-
viduelle ne devait pas être si élémentaire et sans doute ne se limitait-elle
pas au seul fait de résoudre les problèmes fondamentaux de la subsis-