La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Introduction 21
climatiques difficiles et incertaines le stockage de produits est encore le
meilleur moyen d’envisager l’avenir, qu’il soit organisé au niveau de la
société ou sur le plan individuel. Toutefois, le développement de I’éle-
vage migrateur, que favorisaient la variété des sois mais aussi les soins
systématiques apportés par les habitants de chaque région, constituait,
au même titre que l’élevage domestique, une garantie. Dans certaines
régions de montagnes les gens furent forcés de rester à demi nomades,
pour s’adapter aux conditions de vie des gardiens de troupeaux qui pra-
tiquent la transhumance ; aujourd’hui encore, dans ces mêmes régions,
on continue à avoir une double résidence, sur les hauts plateaux et dans
les vallées basses et protégées. On gardait en même temps plusieurs sor-
tes d’animaux, des ovins, des bovins, des porcins et des équidés. Mais
les grands troupeaux de bovins et d’équidés ne purent se développer que
dans des régions de plaines bien définies et relativement vastes, surtout
en Thessalie, en Macédoine, en Eubée et en Argolide. Pour les animaux
domestiques la préférence allait aux espèces faciles à nourrir et se repro-
duisant rapidement : la volaille, les porcs, les lapins et les ovins. Malgré
les difficultés qu’ils éprouvaient à les conserver, ils cherchaient toujours
à avoir quelques équidés tout prêts pour les transports et les voyages.
Sur les côtes et dans les îles le besoin avait développé la pêche qui était
une solution aux problèmes de base du ravitaillement. Mais, en général,
les populations méditerranéennes n’ont jamais tellement apprécié les
produits de la mer, qui leur créaient d’autres problèmes, comme celui
de la conservation. Les salaisons restèrent toujours une nourriture pour
les classes les plus pauvres.
Dans le monde égéen la chasse ne constituait pas une source d’appro-
visionnement importante, capable d’assurer la subsistance, et cela dès la
fin des grandes époques de la chasse et de la cueillette, le Paléolithique
et le Mésolithique. Le petit gibier qui avait succédé aux grands animaux
dangereux n’était évidemment pas rare et comportait des espèces
variées. Mais leur grande dispersion et leur mode de vie ne facilitaient
pas la chasse ; celle-ci était assez fatigante, supposait un entraînement et
une habileté particulière qui contribuaient à en faire plutôt un délasse-
ment sportif. Quelques animaux étaient davantage recherchés par les
chasseurs pour leur peau ; la chasse aux animaux dangereux comme le
sanglier, le chacal et le loup, qui provoquaient des ravages dans les cul-
tures et dans les troupeaux - sauvages ou domestiques - demandait
une organisation plus concertée qui, souvent, favorisait la promotion
des participants. La capture des animaux agiles comme le cerf, le cha-
mois ou la chèvre sauvage, faisait appel à des talents particuliers, met-
tant en œuvre la ruse et les pièges. Les lièvres, qui constituaient le