La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Le Bronze ancien 23 1
quel point ni comment on l’utilisait, et si c’est du Nord qu’il s’est infil-
tré jusqu’en Grèce continentale à une époque ultérieure.
Au Nord-Ouest helladique, il est encore plus difficile de se faire une
idée de la civilisation du Bronze ancien. Les recherches ont été rares et
très sporadiques, et donc très peu publiées ; les éléments varient d’une
région à l’autre, montrant tantôt des ressemblances avec le cycle méri-
dional, tantôt présentant d’indéniables influences de l’Adriatique et de
la Macédoine. Très peu de choses nous sont connues de 1’Étolo-
Acarnanie, et la céramique helladique d’Épire est difficilement classa-
ble ; nous ne sommes donc pas sûr de reconnaître ce qui appartient à
PHelladique ancien ; il semble que la plupart des vases soient mésohel-
ladiques ; ils proviennent en grande partie de la région de Dodone.
Nous sommes mieux informés sur l’évolution de la civilisation dans
les Îles ioniennes, surtout Leucade et Ithaque, et un peu moins concer-
nant la Céphalonie et l’île voisine de Meganissi ; Corfou garde davan-
tage un caractère subnéolithique. Les tremblements de terre très fré-
quents et violents dans les Îles ioniennes ont beaucoup contribué à
détruire les sites protohelladiques ; l’habitude de niveler les sols en rem-
plissant les failles avec les pierres des murs tombés n’a pas laissé beau-
coup de vestiges. A Pélikata (Ithaque), on a trouvé une céramique qui
rappelle dans ses grandes lignes - technique, forme, décor - celle des
deux phases d’Eutrésis et de Tirynthe ; dans les niveaux supérieurs on a
mis au jour une céramique, précurseur du minyen. I1 est clair que les
installations d’Ithaque étaient influencées par la civilisation du Pélopon-
nèse du Nord-Est. A Leucade, la persévérance de Dorpfeld, qui voulait
y voir l’Ithaque homérique, aboutit à la découverte de précieux éléments
de la fin du Bronze ancien et du début de la période suivante. I1 s’agis-
sait surtout de vestiges de cimetières, dans la plaine de Nidri, sur la
côte orientale. Le cimetière le plus ancien contenait trente-trois tumuli
sur une base discoïde en pierre, à l’intérieur desquels il y avait des sor-
tes de petites cistes dans lesquelles on déposait les morts. Le fouilleur a
cru qu’avant l’enterrement, les corps étaient brûlés sur la surface
empierrée et que les os étaient rassemblés et placés dans les cistes du
socle ou dans la terre accumulée où étaient également dissimulés des
pithoi funéraires. Mais la crémation n’a pas non plus été confirmée
dans les tumuli de Marathon. Le diamètre de ces derniers allait de 2,70
à 9’60 mètres ; on en a trouvé de semblables en Messénie, qui appar-
tiennent sans aucun doute au mésohelladique, comme ceux de Marathon
d’ailleurs. Cela fait qu’on n’est pas absolument sûr que les tumuli de
Nidri datent de la dernière phase de 1’Helladique ancien. Les quelques
bijoux d’or et d’argent, des lames de bronze, des outils et un hameçon,