La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Forme générale et construction des palais
L’organisation intérieure des palais - en secteurs liés les uns aux
autres et, en même temps, séparés par des couloirs et des escaliers par-
tant de la cour centrale, mais souvent aussi entourant des cours inté-
rieures, suivant un système véritablement labyrinthique - se répercutait
sur la forme extérieure. Les façades ne constituaient pas un système
fermé ; elles dessinaient une foule de saillants plus ou moins grands ;
les bâtiments étaient donc étagés d’une façon inégale dans les différents
secteurs, et devaient présenter un assemblage de complexes d’inégale
hauteur qui ajoutaient au pittoresque par la diversité de leurs articula-
tions. Aucun de ces bâtiments n’ayant été conservé sur une grande hau-
teur, ni au point d’être reconstitué, même en gros, nous sommes sûrs
seulement de leurs lignes générales ; des représentations, des maquettes,
un ensemble de plaquettes en faïence incrustées qui représentaient une
ville, l’étude des éléments architectoniques qui sont tombés des couron-
nements, des indices qui nous guident pour placer les fenêtres, des
systèmes d’évacuation verticaux depuis les terrasses et la toiture, etc.,
aident à nous donner une idée des lignes générales de ces constructions
complexes, qu’on peut vraiment taxer de (( labyrinthes », indépendam-
ment de la signification première qu’avait ce mot préhellénique. Le
palais de Cnossos, d’après les estimations moyennes, ne devait pas avoir
moins de 1 500 appartements, répartis sur quatre ou cinq étages, et
dans les trois autres palais leur nombre devait varier entre 300 et 400,
répartis sur deux ou trois étages. Les toits étaient en terrasse et pou-
vaient comporter, dans certains endroits, des mansardes. II existait des
terrasses tantôt à colonnes, tantôt à ciel ouvert, comme sur les immeu-
bles modernes. Les maquettes nous ont assurés de l’existence de pergolas
et de balcons plus ou moins grands. Surtout, on distinguait des fenêtres
géminées ou triples, plus larges que hautes, dont nous pouvons situer
l’emplacement d’après les petits rentrants dans les façades. Les systèmes
de puits de lumière verticaux n’excluent pas l’existence de fenêtres exté-
rieures, puisque, en bien des points, on en a découvert des traces et que
souvent on en voit sur les différentes représentations. Maintenant nous
sommes beaucoup plus sûrs qu’il y avait des chaînages de bois dans les
façades, analogues à ceux des façades des maisons de la a mosaïque de
la ville )) ; ils devaient donner un ton décoratif tout spécial à l’en-
semble.
Les matériaux et le mode de construction ont été étudiés ces dernières
années par les professeurs Graham et Shaw ; nous pouvons donc nous
faire une idée plus complète du haut degré technique qu’avaient atteint