La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Le Bronze moyen 315
Les vases minyens jaunes ne se rencontrent que dans la phase finale :
au début on les trouve en même temps que les minyens gris et les plus
évolués des vases mats ; à la fin, au contraire, ils prédominent sous une
forme beaucoup plus élaborée. Leur technique et leur typologie est tout
à fait comparable à celle des minyens gris, mais ils évoluent vite vers
des formes plus élégantes, plus élancées avec une décoration mono-
chrome puis bichrome, visiblement sous l’influence des modèles créto-
mycéniens et, sans aucun doute, créto-cycladiques.
La céramique mate - dite éginétique - apparaît, comme nous
l’avons vu, dans la deuxième phase, vraisemblablement sous l’influence
cycladique, venue par Égine. Dans des tons bruns, noirâtres ou choco-
lat, la peinture mate décore des vases dont la surface a été recouverte
d’un enduit fin, ocre blanc, verdâtre, jaunâtre, dans un bain d’argile, la
même que celle qui était utilisée pour la fabrication. Malgré toutes les
variations locales, cette céramique est, dans son ensemble, presque par-
tout uniforme avec les mêmes types caractéristiques et la même décora-
tion, géométrique la plupart du temps. Les formes sont différentes de
celles de la céramique minyenne et proviennent visiblement d’ateliers
différents. Ce sont des petites jarres ovoïdes, des cruches à bec tronqué
ou à embouchure ronde, des petites bassines, des écuelles, des gobelets
et des coupes, des canthares, des amphores grandes et petites, les plus
grandes avec une lèvre qui s’ouvre en entonnoir sur un col globulaire.
Les anses sont souvent en ruban, et sur certains vases - petits le plus
souvent - elles sont surhaussées par rapport à la lèvre. Les plus fins -
surtout d’Égine - ont beaucoup de charme et leur décoration est très
délicate. On reconnaît une influence métallique. Les motifs décoratifs
sont disposés en métopes, en zones horizontales ou verticales, dans des
espaces contournés de reliefs, toujours symétriques par rapport à l’axe,
mais pas d’une parfaite exactitude géométrique. Ces motifs sont des
lignes brisées, des losanges, des triangles et des carrés disposés en filets,
des décors en échiquier, des courbes liées, des cadres en écailles, etc. Un
peu plus tard, on rencontre des motifs avec davantage de courbes unies
et de simples spires continues. Le dernier stade de cette céramique mate
rappelle beaucoup les exemples mésocycladiques ; elle a, sans aucun
doute, été touchée par eux, même avant qu’elle ne reçoive l’influence
déterminante des thèmes crétois, juste à l’époque où naît la civilisation
mycénienne. C’est alors que changent les formes des vases et qu’appa-
raissent de nombreux exemplaires crétois. Une mode polychrome - plu-
tôt bichrome - commence à dominer, pas très différente de celle de la
dernière phase de la céramique du Cycladique moyen. En conclusion il
faudrait souligner le caractère conservateur des céramiques minyenne et