La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Le Bronze ancien 127
nous manquent encore pour pouvoir finalement dire quelle sorte d’émi-
gration il y eut et à quel degré, quand, exactement et comment, et dans
quelles circonstances. Les autres théories nous donnent des solutions
plus positives.
2. La théorie des influences. Soutenue par beaucoup de savants, elle
prétend que la civilisation égéenne est le résultat de l’influence des civili-
sations orientale et égyptienne qui se trouvaient à un niveau élevé ; bien
sûr, ces influences ne furent pas niées par les partisans des autres théo-
ries, mais ceux-ci n’y virent pas les facteurs essentiels d’une nouvelle
création. La théorie de la diffusion de la civilisation par des influences,
avec ou sans intermédiaires, résout certaines des difficultés engendrées
par la théorie de l’émigration, mais elle en fait naître d’autres, non
moins sérieuses. Gordon Childe fut pendant longtemps son principal
défenseur. II disait que les progrès extraordinaires réalisés par les civili-
sations des grands fleuves furent à l’origine d’une diffusion secondaire
dans les régions limitrophes, dont la plus importante fut le monde
égéen. La diffusion ne se limita pas là, mais, grâce à d’autres influen-
ces, gagna une troisième région, plus éloignée ; par conséquent, aucune
des civilisations périphériques ne peut être considérée comme originale.
Bien des gens suivirent Childe là-dessus mais, malgré tout, cette théorie
ne prévalut pas, car il fut prouvé que les principales civilisations péri-
phériques se développèrent de façon autonome et acquirent chacune un
caractère propre.
3. La théorie de l’évolution. Elle soutient que la naissance de la civi-
lisation égéenne est le résultat d’une longue évolution qui se fit progres-
sivement et qui, malgré des influences orientale et égyptienne et de très
faibles infiltrations de peuples avoisinants, est la suite de la très vieille
civilisation qui, lentement, mais sans cesse plus rapidement, se déve-
loppa dans le monde égéen. Voilà pourquoi cette civilisation a un carac-
tère original, unitaire pour tout le monde égéen, quoique riche en
variantes locales. Comme principaux adeptes de cette théorie se sont fait
connaître récemment Théocharis et Renfrew ; tous deux, bien sûr,
reconnaissent l’apport des autres facteurs : une émigration plutôt limitée
et, jusqu’à un certain point, l’influence, avec ou sans intermédiaires,
des grandes civilisations limitrophes, naturellement à des degrés diffé-
rents et d’une manière autre pour chaque région. Renfrew soutient que
l’évolution locale s’explique de façon satisfaisante par l’échange
d’influences entre les différents systèmes et sous-systèmes de la civilisa-
tion et par l’effet multiplicatif (multiplier Effect) des divers facteurs