La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Introduction 19
pût naviguer, que ce fût sur des petites ou des grandes embarcations, ni
systèmes de canaux - si l’on excepte les canaux d’irrigation - et elle
n’a connu que des lacs, petits ou moyens, qui n’avaient pas toujours le
même niveau. En hiver, la plupart des rivières se transformaient en tor-
rents et les lacs en été devenaient souvent des marécages ou disparais-
saient totalement. Leur rôle dans le développement de la vie et de la
civilisation ne fut pas très important.
Le climat et la production dans le monde égéen
L’Égée fait naturellement partie de la zone tempérée et profite de ses
avantages. Mais, en outre, des circonstances particulières engendrent
dans cette région un climat encore plus doux et mesuré. En été, elle est
rafraîchie par les brises de mer et les meltems - vents étésiens - qui
soufflent continuellement, tandis qu’en hiver des courants relativement
chauds, venus du sud, et une température emmagasinée par la mer lors
des fréquentes apparitions du soleil, atténuent les grands froids. Cela ne
veut pas dire qu’elle est totalement protégée du froid glacial du nord ni
du vent brûlant de Libye, mais les moments où elle est soumise à ces
attaques sont aussi rares que limités dans le temps et dans l’espace.
L’inégale distribution des hautes montagnes, comme aussi l’inégale
pénétration de la mer, de même que la latitude et la longitude ont créé,
depuis l’origine, d’assez grandes oppositions climatiques suivant les
régions et l’hypsométrie. I1 y a toujours eu des endroits où la sécheresse
se prolongeait et d’autres où les chutes de pluie étaient plus abondantes.
La réaction ou l’adaptation des hommes fut toujours dépendante du
climat, mais les moyens de défense et de protection utilisés varient selon
leur énergie ou leur indifférence flegmatique. La race et la civilisation
jouèrent un grand rôle mais il ne faut pas minimiser l’influence du cli-
mat. Dans certains endroits, les brusques et fréquentes variations de
celui-ci endurcirent et fortifièrent les corps tout en assouplissant les
esprits et en les rendant capables d’invention ; dans d’autres, au con-
traire, la faible amplitude des variations thermiques, la chaleur humide,
l’extension des marais, favorisèrent une certaine nonchalance et paraly-
sèrent toute volonté de lutte ou de réaction. En Grèce toutefois, d’une
manière générale, les conditions climatiques favorisaient l’adoption d’un
régime plutôt frugal qui était en même temps imposé par les circonstan-
ces difficiles. Dans les régions qui ne se prêtaient pas à l’élevage du
bétail, les habitants se rabattaient sans peine sur un régime végétarien et
sur la consommation des produits de la mer. L’adaptation fut aussi