La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Introduction 57
que c’était là que se trouvait la Troie d’Homère. Faisant face à toutes
sortes de difficultés, il rechercha - au cours de trois campagnes succes-
sives de 1870 à 1873 - les murs et la ville d’Ilion ainsi que les palais
de Priam, en creusant de grandes tranchées sur la colline. Les ruines
mises au jour étaient variées et particulièrement complexes puisqu’elles
correspondaient à sept villes successives et à une foule de périodes et de
phases. Les méthodes qu’il appliqua étaient fort dangereuses : il n’hésita
pas à détruire ce qui, à ses yeux, ne représentait pas la ville de Priam ;
il était sûr que les murs de la deuxième ville (dans l’ordre) étaient ceux
qui avaient résisté à dix ans de siège ; il reconnut les portes Skaiès et
lorsque, tout à coup, on découvrit un important trésor de bijoux d’or et
de précieuses haches de pierre, trésor enfoui à l’extérieur d’un des
angles du mur d’enceinte, visiblement dans des circonstances exception-
nelles, il n’eut plus aucun doute : c’était le trésor de Priam. La fuite de
ce trésor hors de Turquie, grâce à la complicité de sa femme, Sophie,
amena obligatoirement l’interruption temporaire de la fouille. Ses pre-
mières publications furent accueillies avec beaucoup de scepticisme par
les savants et une violente critique s’éleva contre lui. Son autorité
n’augmenta que lorsqu’il enregistra de nouveaux succès à Mycènes où
furent découverts, en 1876. les trésors uniques des tombes royales, à
l’intérieur de l’acropole. Même alors, bien sûr, les critiques ne manquè-
rent pas sur les interprétations qui furent données et sur la datation des
trouvailles - époque d’Agamemnon. L’Éphore Stamatakis, représentant
de l’État grec sur les fouilles, critiqua ses méthodes, ce qui lui occa-
sionna des difficultés supplémentaires, particulièrement dans la fouille
de la tombe à tholos - G de Clytemnestre », comme il l’appela - assu-
mée par sa femme, relativement ignorante en la matière. Dans I’inter-
valle, Schliemann entreprit d’autres recherches, d’abord et surtout à
Orchomène où il fouilla le trésor de Minyas.
Les vives critiques, sans cesse émises sur les résultats obtenus à Troie,
l’obligèrent à y recommencer les fouilles - à partir de 1879 - avec,
pour associés, Burnouf d’abord, puis l’architecte Dorpfeld, infatigable
chercheur. Grâce à eux, les méthodes s’améliorèrent et la stratigraphie
des différents habitats s’éclaircit quelque peu. En 1884, le nouveau livre
de Schliemann, Troja, engendra de nouvelles discussions ; dans I’inter-
valle il fouilla Tirynthe, en association avec Dorpfeld - dans les années
1884-1885 - puis tenta de commencer la fouille de Cnossos, en rache-
tant la colline où Minos Kalokairinos avait trouvé des ruines et fait une
petite fouille ; mais les négociations avec le propriétaire turc échouèrent
et Schliemann fut obligé d’abandonner ses nouveaux et audacieux pro-
jets. C’est en 1890, pour la dernière fois, qu’il reprit la fouille de