La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

322 LA CIVILISATION ÉGÉENNE
La sixième ville a été bâtie beaucoup plus grande, et sur un pian tout
à fait nouveau, ne se fondant presque pas sur les vestiges anciens. Les
différences, importantes, dans la construction, la manufacture et la vie,
témoignent de l’installation d’un peuple nouveau dont le pouvoir politi-
que était bien centralisé. Le nouveau mur d’enceinte montre les progrès
réalisés dans l’art de la fortification ; les murs sont à redans, rompant
ainsi la monotonie des grandes surfaces. Des constructions comme
celles-ci, qui rappellent celles des Mycéniens beaucoup plus tard, peu-
vent être considérées comme monumentales. La rénovation a été totale,
on est même allé jusqu’à adopter une nouvelle forme d’urbanisme -
les constructions sont disposées sur des terrasses - et une architecture
bien adaptée aux nouvelles conditions de vie. Les derniers fouilleurs ont
retrouvé dans la stratigraphie les restaurations successives de tronçons
de murs qui confirment l’évolution depuis le Bronze moyen jusqu’au
Bronze récent. Ils ont pu ainsi distinguer trois périodes dans cette ville,
auxquelles correspondent trois changements importants pratiqués par
endroits dans les murs. Ceux qu’on voit aujourd’hui sont de la phase
finale. Bien des portions sont demeurées inchangées depuis les phases
les plus anciennes. Un fragment de l’enceinte - derrière le dernier
redan - avait été considéré par Dorpfeld comme appartenant à la cin-
quième ville, alors qu’en fait il est de la première phase de la sixième.
C’est ainsi que nous avons trois portes sud qui sont des trois phases
successives. Le troisième péribole est assez long, environ 350 mètres ; sa
partie nord a été presque totalement détruite à l’époque gréco-romaine.
Six grands tronçons en sont conservés, avec cinq portes et un grand
bastion au nord-est, monumental et bien construit, en pierres de tailles
dont vingt-six assises sont sauvées sur une hauteur de 9 mètres, et qui
était bien situé pour servir de guet en direction de la plaine. A I’inté-
rieur on avait aménagé une citerne très profonde, moitié construite moi-
tié taillée dans le rocher, dans laquelle descendait un grand escalier. Un
saillant cache le tronçon qui suit, et c’est là qu’on a une sorte de porte
dérobée avec un escalier. La deuxième section va jusqu’à la porte orien-
tale et son extrémité sud recouvre le début du troisième tronçon qui est
particulièrement bien construit avec de belles assises et quatre petits sail-
lants ; une partie est cachée par une adjonction romaine, et une autre a
été détruite par la grande tranchée de Schliemann. Au milieu, une
grande tour a été démolie, puis reconstruite. Le passage oriental a
cinq mètres de long et deux de large, aussi était-il facile de repousser
l’ennemi. La partie qui vient ensuite avait neuf saillants et des courbu-
res polygonales mais elle a été endommagée par le bouleutérion romain
et la tranchée sud-ouest de Schliemann. La porte sud était la porte prin-