La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

198 LA CIVILISATION ÉGÉENNE
types plus anciens, de l’époque néolithique, ces idoles féminines en mar-
bre qui avaient incontestablement une signification religieuse. Ensuite,
l’expression de la fécondité est très nette et encore soulignée par
d’autres types de femmes enceintes ou courotrophes. La rareté des for-
mes masculines ne contredirait pas l’acception religieuse des figurines ;
elles auraient pu représenter des adorants ou constituer des expressions
d’un jeune dieu, comme en Crète. L’existence de grandes figurines de
marbre serait en faveur de l’hypothèse que la déesse de la fécondité elle-
même, protectrice de l’homme en général, était souvent représentée.
Mais, comme l’a montré la Crète, la taille n’a pas grande importance.
La distinction entre la divinité et ses adorants ne devait pas être très
nette non plus ; la notion de fécondité, protectrice de la vie et, symboli-
quement, de la vie après la mort, était traduite dans les figurines, sans
que l’on puisse savoir si c’est la divinité elle-même qui est représentée
ou sa puissance incarnée dans I’adorante nue. Nous avons vu que c’est
cette opinion un peu floue qui a dû être retenue pour l’époque néolithi-
que. Les figurines schématisées en violon, et d’autres plutôt informes,
expriment la même conception et on les trouve dans le cycle insulaire,
aussi bien à l’époque néolithique qu’au Bronze Ancien. Les autres expli-
cations qui ont été données, à savoir que ce sont des jouets d’enfants
- des poupées - ou des compagnes pour les hommes - des concubi-
nes - ont été démenties par les faits puisqu’on ne les trouve pas seule-
ment dans des tombes d’enfants ou d’hommes. Et même si on en avait
trouvé beaucoup dans des tombes d’enfants, cela voudrait simplement
dire qu’on croyait que ces êtres délicats, enlevés si tôt à la vie, avaient
davantage besoin des puissances divines si maternelles. I1 est invraisem-
blable que de telles figurines aient accompagné les défunts dans leur
tombe tout simplement parce que c’étaient là des objets qu’ils
aimaient ; mais même s’il en était ainsi, le problème des croyances res-
terait inchangé, car ces figurines ne seraient devenues chères aux adultes
que grâce à leur puissance de protection et, dans ce cas, pour les
enfants elles n’auraient pas été de simples jouets. Les figures en marbre
de musiciens - joueurs de harpe et de flûte - ne devaient pas être là
pour le simple divertissement du défunt ; dans ce cas-là, la coutume de
les fabriquer et de les déposer dans les tombes aurait été beaucoup plus
répandue ; elles devaient symboliser l’enchantement de la musique
rituelle, tel celui de la musique d’Orphée, pour le monde souterrain. La
figurine qui offre une coupe, celle de la collection Goulandris, apporte
une preuve supplémentaire de la signification religieuse des figurines
cycladiques.
Nous ne savons vraiment rien des lieux de culte : les habitats sont