La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Introduction 59
Xanthoudidès. A Cnossos, l’amateur Minos Kalokairinos, trouva,
en 1878, les premiers magasins du palais encore enseveli ; les jarres
furent distribuées entre différents musées, grecs et étrangers, mais la
plupart d’entre elles furent détruites lors de la révolution de 1897. Nous
avons vu plus haut les efforts déployés par Schliemann pour racheter la
colline de Cnossos et commencer les fouilles ; les tentatives du viceconsul
américain Stillmann et de Joubin, membre de l’École française
d’archéologie, tombèrent également à l’eau. C’est en 1894 qu’Arthur
Evans visita pour la première fois la Crète ; son intention était de
résoudre - en rassemblant des documents et en faisant lui-même des
recherches - le mystère de l’écriture dite préphénicienne qui, d’après
lui, avait été utilisée avec des signes hiéroglyphiques sur des prismes
gravés crétois. II espérait trouver des textes gravés en commençant des
fouilles à Cnossos et c’est dans ce but qu’il entreprit des négociations
avec l’agha turc, propriétaire du site, négociations qui faillirent échouer,
elles aussi, en raison de la mauvaise foi de ce dernier. Dans l’intervalle,
Evans fit davantage connaissance avec la Crète, voyagea, et étudia les
objets de la Collection du Syllogue : une collection de vases de Camarés,
les trouvailles de la tombe à tholos d’Haghios Onouphrios dans la
région de Phaistos et les nombreux vases et sarcophages récoltés en
divers endroits de Crète. A la même époque - de 1890 à 1900 - on
discutait beaucoup sur l’origine de la civilisation mycénienne ; certains
lui donnaient une provenance orientale, pour la plupart phénicienne -
comme Pottier et Helbig -, d’autres, occidentale - comme Salomon
Reinach. La réponse fut donnée par les recherches systématiques qui
purent commencer en Crète dès que l’île fut proclamée autonome, à la
fin du XIXC siècle.
Durant les cinq premières années - de 1900 à 1905 -, Evans fouilla
à peu près tout le palais de Cnossos. Mais ses recherches ne se limitèrent
pas là ; dans les années qui suivirent, et jusqu’en 1930, il les étendit
tout autour du palais, dans les cimetières, et fit des études stratigraphiques
pour mettre au clair l’histoire de la Cnossos minoenne. On
prouva alors que les racines de la civilisation mycénienne devaient être
recherchées en Crète même, que des rapports étroits existaient entre la
Crète et les Cyclades et que c’est la Crète qui avait créé les plus anciens
systèmes d’écriture en Europe. La civilisation qui se révélait ainsi était,
bien sûr, la première grande civilisation de l’Europe, elle avait un caractère
propre malgré toutes les influences égyptiennes et orientales. La
publication de l’ouvrage monumental de Sir Arthur Evans - The
Palace of Minos, 1921-1935 - présente une sorte d’encyclopédie générale
de la civilisation créto-mycénienne.