La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Le Bronze ancien 187
grandes séries viennent d’ Amorgos et portent souvent des incisions sur
les mains croisées, le ventre et les parties génitales ; le visage plat est
légèrement rejeté vers l’arrière. Souvent les seins sont gonflés. Ce type,
quelque peu oblong, se retrouve à Naxos ; il y a des variantes égale-
ment dans d’autres îles comme Paros, Ios, Antiparos, Syros, Kéros, etc.
La chronologie de beaucoup d’entre elles a été confirmée par le mobi-
lier funéraire des tombes qui appartenait à la phase de Syros-Kéros.
Dans ces tombes on a trouvé des séries entières. Leur datation aide à
fixer la chronologie de beaucoup d’autres figurines qui proviennent de
trouvailles fortuites ou de pillages de tombes.
Des types comparables, mais qui se terminent en triangle dans le bas
et de format relativement petit, se rencontrent en Crète, quoique des
exemplaires de ce genre ne sont pas inconnus dans les Cyclades, et
constituent peut-être une variante locale. Comme matériau la Crète utili-
sait aussi, quoique rarement, la stéatite et elle adaptait le type à des
figurines doubles ou assises sur un escabeau ; maintenant de tels exem-
ples sont connus dans les Cyclades. Des figurines de grande taille, mais
de même type, ont été mises au jour à Amorgos (environ 1’50 mètre) et
ailleurs (à peu près 0,70 mètre), mais la découverte de grandes têtes -
maintenant aux musées du Louvre et d’Athènes (de 9 à 35 centimètres)
- montrent qu’elles n’étaient pas si rares. Les figurines masculines
étaient très rares et quelques-unes d’entre elles représentent des membres
du sacerdoce ou des dignitaires - qui portent une ceinture en diagonale
sur la poitrine et un protège-sexe - et des musiciens, debout ou assis.
Cette dernière catégorie n’était jadis connue que de Kéros avec deux
exemples : un joueur de harpe assis et un joueur de double flûte
debout ; elle nous est maintenant connue par des exemplaires provenant
d’autres îles, de Théra et du cap Krios en Carie. Une autre figurine
assise, de la collection Goulandris, offre un gobelet, peut-être à liba-
tion. Deux ou trois figurines donnent l’impression d’être hermaphrodi-
tes. Des figurines avec un enfant sur la tête ou dans les bras représen-
tent peut-être une déesse courotrophe. De toute façon, la conception de
la maternité existe puisqu’on a également des exemples de femmes
enceintes. Quelques figurines ont gardé des traces de couleur, surtout du
rouge, et il semble que la couleur complétait dans bien des cas les
caractéristiques du visage qui n’étaient pas rendues plastiquement. II y a
des cas où la couleur représentait des bijoux - colliers, rubans - et
même des grains de beauté. Ces couleurs devaient être à l’encaustique,
mais, malgré tout, la plupart d’entre elles ont disparu sans laisser de
traces. Dans bien des cas, les figurines qui s’étaient brisées aux endroits
les plus fragiles - surtout le cou - avaient été réparées en reliant les