La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

Le Bronze récent en Crète 353
sorte de dipylon, avec des seuils solides pour chaque porte qui se trou-
vait, en fait, à angle droit de chaque côté du vestibule d’entrée ; de là
on atteignait la cour à demi-péristyle du nord et, à travers un autre cor-
ridor, la cour centrale. La porte orientale n’était pas imposante ; elle ne
comportait pas non plus de dispositions particulières : la porte exté-
rieure menait, par un passage simple mais assez large, à la cour cen-
trale. A l’extérieur de la porte partaient les routes qui conduisaient à
une partie importante de la ville. La porte sud était beaucoup mieux
organisée ; c’était une sorte de dipylon renfermant un large et assez
long couloir dallé, avec des ouvertures latérales qui permettaient un
accès direct aux quartiers voisins.
Dans le palais de Zakro il n’y avait pas de porte occidentale, car la
façade ouest était ininterrompue. Mais plus au sud, il existait un accès
vers le quartier sud puisque c’est ici qu’aboutissaient, de trois points
différents, dans un couloir commun, les accès à la cour centrale. Toute-
fois, la fouille n’a pas encore assez avancé pour qu’on puisse voir s’il
existait des portes dans cette direction, pas plus qu’à l’est où l’on ren-
contre à nouveau un corridor qui conduisait finalement à la cour cen-
trale. Mais la porte principale, assez bien conservée, est au nord-est ; la
route du port y menait directement, par un trajet oblique. La porte
avec son large passage, couvert sans aucun doute, en forme de rampe à
quatre plans inclinés, donnait dans la cour intérieure nord-est ; de là on
accédait aux différents quartiers de l’aile orientale et, à travers ceux-ci,
à la cour centrale.
En général les portes étaient disposées de façon à répondre au mieux
aux diverses destinations du palais, centre principal de la vie, et elles
ont indubitablement joué un rôle prépondérant. Dans certains cas, elles
étaient en relation avec des lieux de réception - comme à Cnossos avec
les propylées, qui malgré leur nom ne constituaient pas seulement une
partie de la porte, mais de tout le système d’entrée et du lieu de récep-
tion. C’est ainsi qu’on pourrait expliquer, plus justement sans doute, la
disposition particulière du palais de Phaistos que certains - dont les
fouilleurs - ont appelé a mégaron H : un large escalier de presque qua-
torze mètres menait à un vaste perron et à un porche, ou mieux à un
hall ouvert avec une très haute colonne ; la grande porte menait à
l’intérieur, dans un appartement divisé en deux parties inégales par une
rangée de trois colonnes. Là, des portes donnaient dans toutes les direc-
tions et, en gros, on a l’impression qu’il s’agit d’une sorte de propylée
- peut-être en relation avec une pièce de réception - plutôt que d’un
mégaron. On peut admettre que l’espace intérieur, plus vaste, était un
puits de lumière, mais cette dernière hypothèse n’est pas obligatoire,