La civilisation égéenne - Tome 1 - Numilog

376 LA CIVILISATION EGEENNE
n’ont varié ; la vie économique est devenue plus intense - relations
plus étroites avec l’Orient et le reste du monde égéen -, mais s’est
maintenue en grande partie dans les limites d’une économie interne.
L’organisation de la ville montre qu’un effort a été fait pour que la vie
soit rendue plus aisée. On est surpris par la recherche d’ordre et de pro-
preté, aussi bien à l’intérieur des maisons que dans les espaces ouverts,
les rues et les places. C’est à cela qu’est due l’absence de couches de
détritus et de dépôts, si avidement recherchés par les archéologues. La
vie religieuse était très élémentaire, mais peut-être que l’image que nous
en avons est due au fait que beaucoup de choses ont disparu. La catas-
trophe qui s’est abattue brusquement a mis fin à une évolution qui pro-
mettait d’être importante.
La reconstruction de la ville - la sixième - sur une étendue beau-
coup plus grande, suivant de nouveaux principes architecturaux, de
même que le changement fondamental de la forme de la civilisation
prouvent l’installation d’un élément humain nouveau qui s’est vite
répandu dans les centres névralgiques de la côte mais, paradoxalement,
n’a pas pris possession des îles voisines. La céramique et les autres élé-
ments de civilisation nous conduisent à admettre qu’il s’agit du même
peuple - ou d’un peuple apparenté - que celui qui s’est établi sur le
continerit et en partie dans les îles. I1 s’est bien mélangé à l’élément
local et le composé racial a donné cette forme originale de civilisation si
bien représentée dans les fouilles anciennes ou récentes. La vieille tradi-
tion de la fortification a abouti à la construction d’une enceinte parti-
culièrement robuste et efficace dans le cas d’un long siege. C’est ce mur
qui, complété et remanié dans la ville VI1 A, va résister à la longue
expédition qui est restée connue dans l’Histoire sous le nom de guerre
de Troie. L’effort fait pour se protéger montre clairement combien, dès
le début, les incursions pirates ou autres attaques organisées menaçaient
une ville grande et riche située à un endroit clé. Et il ne fait pas de
doute que c’est cette fortification qui, sous une forme rajeunie, consti-
tuera le modèle des fortifications mycéniennes plus tardives.
Nous avons de bonnes raisons de croire qu’une réorganisation aussi
radicale de la ville et qu’une fortification aussi importante n’ont pu se
faire sans un nouveau système gouvernemental qui a eu pour effet le
rajeunissement de la vie sociale, politique, économique, individuelle et
peut-être aussi religieuse, sous la surveillance d’une classe royale. Mal-
heureusement, dans ce domaine on ne peut rien dire de positif puisque
les niveaux supérieurs de l’acropole ont été détruits et que, si palais il y
avait, c’est là qu’il se trouvait. D’autre part, il serait très dangereux de
parler plus en détail de l’organisation de la vie en tirant des conclusions